Portrait n Depuis 1998, Rabiha Hamdaoui habite la bâtisse en compagnie de ses enfants. Divorcée, elle tente par tous les moyens de leur offrir une bonne éducation et leur donner de l'espoir. Dans un pseudo F3 aménagé tant bien que mal, habite la petite famille de khalti Rabiha. Hamdaoui de son nom, cette femme d'une cinquantaine d'années, mère d'adolescents qu'elle élève seule, se trouve dans le désarroi le plus total. «J'ai dû divorcer à l'amiable d'avec mon mari pour élever mes enfants. Leur père est une victime du terrorisme. Il a été touché par une balle et depuis il est dépressif», nous dira Rabiha. «Avant, nous habitions à Haouche El-Mihoub à quelques encablures de là et ce, depuis 1988. Après l'attentat contre mon mari, on a dû aller vivre chez mes beaux-parents à Aïn Témouchent. Sans ressources – ni moi ni mon mari ne trouvions de travail – j'ai été obligée de prendre la décision difficile de séparer mes enfants de leur père et de revenir ici et reprendre mon travail au sein de la mairie où je suis depuis 8 ans». Le salaire de la «femme courage» ne suffisant pas à louer une habitation décente pour elle et ses enfants, celle-ci a dû recourir au système D : «J'ai été parmi les premiers à occuper cet endroit en 1998. Après, plusieurs familles m'ont imitée pour arriver à l'état de promiscuité et d'insalubrité qui est le nôtre actuellement.» Restée sans travail pendant 6 mois, Khalti Rabiha a bataillé dur pour se construire un toit sous lequel elle tient à donner la meilleure éducation possible à ses enfants. «Le plus dangereux ici, c'est le manque total d'hygiène et les risques relatifs au non-respect des normes de construction. Des enfants sont morts ici à cause des escaliers qui ne sont pas sécurisés», fait-elle remarquer en nous montrant les escaliers, dignes des films d'aventures à la Indiana Jones. Mais ce que redoute le plus cette mère de famille, c'est de se voir, un jour, expulsée de cet endroit sans solution de rechange «Nous avons construit ici sans autorisation. D'ailleurs, la Cnep à qui appartient le terrain nous a adressé plusieurs avertissements. Elle est même allée jusqu'à présenter l'affaire devant la justice où elle a obtenu gain de cause». Quant à la prise en charge de leur état par les responsables, Rabiha nous informera que «le wali délégué est passé nous voir l'année dernière. Après nous avoir sermonnés à propos de l'occupation illégitime des lieux, il a promis d'étudier nos dossiers au cas par cas et de nous trouver des solutions. Mais depuis, on n'a eu aucune suite. Nous avons frappé à toutes les portes, sans résultats». La mère de famille, très fait de ce qui se passe dans les alentours, propose même une solution de rechange : «Pourquoi ne pas nous caser dans les chalets d'en face, où sont logés les anciens habitants du quartier dit Koubates de Baraki et qui seront relogés incessamment. N'est-ce pas une bonne solution provisoire ?» «Nous ne demandons pas le luxe, mais juste de quoi préserver notre intimité.»