Stratégie n Le plan de nationalisation annoncé par le président Chavez alors qu'il commence un nouveau mandat de six ans, vise d'abord le capital américain, principal actionnaire dans ce pays. Le chef de l'Etat, qui se présente comme le nouveau leader de la gauche anti-américaine dans la région, a clamé son intention de «récupérer la propriété sur les moyens de production stratégiques», lundi, dans un discours offensif. Chavez prévoit un durcissement à l'encontre des multinationales pétrolières en mettant fin au contrôle des groupes étrangers sur quatre raffineries de la Ceinture de l'Orénoque (55 300 km2), la plus importante réserve du pays, cinquième exportateur mondial de brut. Plus de 566 000 barils en sont extraits quotidiennement et préraffinés par quatre sociétés associées au groupe public Pdvsa, mais contrôlées par les Américains ExxonMobil, Chevron et Conoco ainsi que le Français Total et le Norvégien Statoil. Le président vénézuélien a modifié, depuis 2005, la législation pétrolière, en imposant une fiscalité plus sévère aux compagnies étrangères et en les obligeant à céder au groupe public Pdvsa, le contrôle de contrats de production et d'exploration. Dans d'autres secteurs économiques, dont les actions sont tenues par des firmes américaines, le nouvel homme fort de Caracas a promis, «dans un délai raisonnable d'un an», une loi-cadre pour nationaliser l'électricité et la téléphonie, deux secteurs dont les entreprises américaines sont les principaux actionnaires étrangers. Le secrétaire américain à l'Energie, Samuel Bodman, a exprimé sa «forte inquiétude» après les annonces de M. Chavez, disant craindre que puissent être «violés» les contrats régissant ces investissements. Les Etats-Unis espèrent que Caracas «respectera ses obligations contractuelles» et «indemnisera les compagnies étrangères sur la base de la valeur de leurs actifs sur le marché», a déclaré le porte-parole du Département d'Etat américain. Si la compagnie nationale vénézuélienne Cadafe assure le service d'électricité dans la majeure partie du pays, la firme privée Electricidad de Caracas, qui opère dans la capitale depuis 1985 et compte un million de clients, appartient, elle, à la multinationale AES, dont le siège se trouve aux Etats-Unis. L'entreprise américaine Verizon Communications est le premier actionnaire de la compagnie nationale Cantv principal opérateur pour la téléphonie fixe et mobile au Venezuela, dont elle détient 28,5% des parts. D'un point de vue géopolitique, la politique de Chavez contre «l'empire américain» doit bien définir et redessiner la politique américaine un peu partout dans le monde où ils trouvent des ressources énergétiques, notamment en matière pétrolière puisque les Etats-Unis demeurent le premier débouché du pétrole du Venezuela qui y exporte quasiment la moitié de sa production. Si la politique du leader vénézuélien «de tenir tête à Washington» se réalise, beaucoup de choses changeront dans le monde, car les USA doivent, certainement, chercher une autre source qui leur garantira une sécurité énergétique stratégique et ce, par tous les moyens…