Résumé de la 48e partie n Un rendez-vous à trois pour un dîner chez Neeve est confirmé. Elle soupçonne Monseigneur Devin et Myles et ses plus proches de lui cacher quelque chose. Elle veut le savoir à tout prix. Elle marcha d'un pas vif de Madison jusqu'à la Cinquième Avenue et décida de couper à travers le parc à la hauteur de la Soixante-dix-neuvième Rue. Elle préférait toujours éviter l'endroit derrière le musée où l'on avait retrouvé le corps de Renata. Madison était encombrée de voitures et de piétons. Sur la Cinquième, les taxis, limousines et autres berlines filaient à toute allure, mais sur le côté ouest de la chaussée, en bordure du parc il y avait peu de monde. Neeve secoua la tête en approchant de la Soixante-dix-neuvième Rue. Elle refusait de se laisser dissuader. Elle venait de s'engager dans le parc lorsqu'une voiture de police s'arrêta. «Mademoiselle Kearny.» Un policier baissa la vitre en souriant. «Comment va le préfet ?» Neeve le reconnut. C'était le chauffeur de Nyles, à une époque. Elle s'approcha pour bavarder avec lui. A quelques pas derrière elle, Denny s'arrêta net. Il portait un long manteau sans forme avec le col relevé et un bonnet de tricot. Son visage était presque entièrement dissimulé. Pourtant, il sentait fixés sur lui les yeux du flic penché à la fenêtre de la voiture. Les poulets ont une excellente mémoire des visages ; il leur suffit d'un seul coup d'œil sur un profil pour reconnaître un type. Denny le savait. Il reprit sa marche, ne prêtant attention ni à Neeve ni aux flics, mais sentant pourtant leur regard le suivre. Il y avait un arrêt de bus un peu plus loin. Il rejoignit la file de gens qui attendaient et monta dans l'autobus au moment où il s'arrêtait. Lorsqu'il paya son ticket, il sentit la sueur dégouliner sur son front. Une seconde de plus et ce salaud l'aurait peut-être reconnu. Denny s'assit, I'air renfrogné. Il n'était pas suffisamment payé pour ce boulot. Lorsque Neeve Kearny serait descendue, quarante mille flics de New York se lanceraient à la chasse à l'homme. Au moment où elle entra dans le parc, Neeve se demanda si c'était réellement par hasard que le sergent Collins s'était trouvé sur son passage. A moins, s'interrogea-t-elle tout en marchant d'un pas vif, que Myles ne m'ait envoyé le plus inspiré des anges gardiens de New York. Il y avait une foule d'amateurs de jogging, quelques cyclistes, des piétons, un nombre désespérant de sans-logis sous des piles de journaux ou de couvertures mitées. Ils pouvaient mourir ici sans que personne y prenne garde, songea Neeve, tandis que ses souples bottes italiennes foulaient sans bruit les allées de terre. Elle constata avec déplaisir qu'elle jetait un coup d'œil par-dessus son épaule. Adolescente, elle s'était rendue à la bibliothèque et avait regardé les photos du corps de sa mère parues dans les quotidiens. Aujourd'hui, tandis qu'elle accélérait le pas, elle avait l'étrange impression de revoir ces photos. Mais cette fois, c'était son propre visage, et non celui de Renata, qui recouvrait la première page du Daily News au-dessus du titre : «Assassinée». (à suivre...)