Résumé de la 1re partie n Par un coup de fil anonyme, la police se rend devant un hôtel de luxe dans un quartier huppé de New York. Il est fermé depuis un bout de temps. Shit ! La traduction de ce mot en bon français appartient au général Cambronne, et, dans la bouche d'Adam exprime un étonnement compréhensible. — Des richards sans téléphone et tout le reste ? Ils habitent pas là alors ? — C'est justement ce qu'on vous demande, bande de feignants ! Où en est Homère ? Homère n'en est nulle part, sauf quelques constatations. — La porte a l'air blindée, chef, du sérieux, serrures de sécurité dans le genre compliqué. Les voisins n'ont vu personne depuis des semaines. — En voyage ? — Il paraît que c'est pas le genre, chef... Deux types habitent là-dedans, des originaux. Qu'est-ce qu'on fait ? — Vous restez là, je vous envoie un serrurier et j'arrive. Que l'un de vous continue l'enquête de voisinage. La Cinquième Avenue de New York n'est pas devenue la plus chic de la ville par hasard. C'est la plus agréable. Elle borde Central Park sur une bonne partie de sa longueur, un bois immense en plein centre où l'on fait du cheval l'été, du patin à glace l'hiver, et où tous les amoureux de New York, les enfants, les coureurs de marathon ou les simples promeneurs se retrouvent chaque jour. Le 2078 fait face au parc, où un prédicateur, ce matin de juillet, tente de haranguer une petite foule, en lui parlant de Jéhovah. L'inspecteur Calsoum étire ses longues jambes hors de la voiture de police et observe le serrurier qui déballe ses instruments. Homère revient de son enquête rapide et fait son rapport : — Drôles de milliardaires, chef, ils habitent réellement là. Deux frères, la cinquantaine. L'aîné, Christian Barney, est aveugle, il ne sort jamais, les voisins ne savent même pas à quoi il ressemble. Ils ne voient que l'autre, Frederic Barney, il fait les courses lui-même, si on peut appeler ça des courses. Il paraît que ce type ne sort quasiment que la nuit, il fouille les poubelles avant le passage des chiffonniers. On m'a dit qu'il ne fréquentait pas les commerçants, il fait des kilomètres à pied pour se procurer du pain rassis et des déchets de viande. Des fois il se balade avec une voiture à bras, il ramène des tas de saloperies et d'objets bizarres. Il engrange tout ça dans la maison. Rien ne ressort... ?a doit être un drôle de capharnaüm, là dedans... — T'as pas repéré l'auteur du coup de téléphone ? — Non, chef. Les gens d'ici s'en fichent un peu, il paraît qu'il y a des années que ça dure ; y a juste un concierge au 2080 qui m'a dit que les services d'hygiène étaient bons à rien... Qu'on devrait pas tolérer des brocanteurs dans la Cinquième... Le soleil de juillet fait une jolie auréole dorée sur les arbres du parc mais tape sur la tête du serrurier qui transpire et s'échine devant la porte blindée. — Impossible d'ouvrir, chef... L'huisserie est encastrée dans la pierre, c'est du blindage de guerre ce truc... J'en ai pas vu des comme ça depuis longtemps, mais c'est du solide. Trois verrous, des barres de sécurité, probablement un double blindage à l'arrière ; même avec un chalumeau, y en a pour la journée ! Qu'est-ce qui se passe là-dedans ? C'est Fort Knox ? — Peut-être bien. Calsoum réfléchit. Forcer une porte blindée sur un coup de fil anonyme l'obligerait à demander l'avis du procureur. Investir une propriété privée, c'est toute une affaire aux Etats-Unis. Il faut une plainte. (à suivre...)