Calvaire n Le coût exorbitant des médicaments, les difficultés du transport et la centralisation des soins rendent la souffrance de ces malades encore plus insupportable. C'est ce que dévoilent des personnes atteintes de cancer, invitées par l'association El-Fedjr, jeudi, à la journée de réflexion organisée à l'hôtel El-Djazaïr. Cette association d'aide aux personnes atteintes du cancer veut permettre à ces malades d'exprimer leur désarroi aux médias et «surtout» aux pouvoirs publics, puisque des représentants de différentes tutelles étaient là. Entre autres, de la santé, des affaires sociales et du ministère du Travail et de la Solidarité. Les interventions des malades étaient toutes plus émouvantes les unes que les autres. Parmi les problèmes relevés, Il y a le prix exorbitant des produits de la chimiothérapie. S'ils sont remboursés en majorité par la Cnas, ils ne sont pas tous disponibles ou le sont seulement dans les hôpitaux. «Il y a des médicaments qui ne peuvent être administrés qu'en présence d'un médecin spécialisé parce que le dosage varie d'un patient à un autre», explique Mlle Naïla Sayoud, secrétaire générale de l'association. «Il y a des médicaments qui coûtent plus de 40 000 DA la boîte et qu'on doit se procurer tous les deux mois au minimum», affirme, de son côté, Mme Souad B., une ancienne malade. Elle relate comment elle a dû porter le fardeau de sa maladie, toute seule, pendant des années. «Sans mari et avec une fille à charge, j'ai lutté plus d'une année pour obtenir mon carnet du tiers payant de la sécurité sociale», déplore-t-elle. Le sentiment d'abandon est partagé par tous les malades présents. Mais ce sont les interventions des malades venant d'autres wilayas qui ont suscité le plus d'interrogations parmi le public présent. «Je n'ai plus les moyens de faire le trajet entre la capitale et ma contrée lointaine pour me soigner», explique un malade qui vient de Tébessa. Sans travail et avec plus de 300 000 DA de dettes, il assure que son cas est loin d'être unique. La centralisation des soins rend l'accompagnement des malades encore plus difficile pour les cancéreux qui habitent loin d'Alger. Mme Chentouf, représentante du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, défend la tutelle affirmant que les relations de cette dernière avec les malades ne sont pas purement administratives. La prise en charge psychologique a maintes fois été soulignée par les intervenants. Une femme cancéreuse lance : «Nous sommes mal reçus partout, dans les hôpitaux et aux caisses des remboursements médicaux.». Et d'ajouter : «Nous ne demandons qu'à mourir dignement». Avec plus de 30 000 nouveaux cas chaque année, le cancer est l'une des maladies qui tuent le plus en Algérie.