Phénomène n En l'absence de statistiques officielles, le nombre des candidats à l'émigration clandestine, communément désignés par le néologisme de «harragas», s'élèverait à plusieurs milliers chaque année. Entre autres questions, la secrétaire générale du Parti des travailleurs a abordé, lors de son passage, hier, sur les ondes de la Chaîne III, le phénomène de l'émigration clandestine qui prend des proportions alarmantes. «Chaque jour, des dizaines, voire plus, de jeunes risquent leur vie pour quitter le pays et nombre d'entre eux finissent noyés. C'est un drame insupportable», a déploré Louisa Hanoune. Un état de fait d'autant plus inacceptable, ajoute-t-elle, qu'il survient dans «un pays aux énormes potentialités et aux ressources inestimables». En l'absence de statistiques officielles, le nombre de ces candidats à l'émigration clandestine, communément désignés par le néologisme de «harragas», s'élèverait à plusieurs milliers chaque année. Depuis quelques mois, il est régulièrement fait état d'opérations de sauvetage, au large de nos côtes, de jeunes qui tentent d'atteindre la rive nord de la Méditerranée sur des embarcations de fortune. Aux yeux de Louisa Hanoune, qui devient, ainsi, la première personnalité politique à s'exprimer sur le sujet, seule l'absence de perspectives peut expliquer les proportions prises par le phénomène. «Ces jeunes ne mettraient jamais leur vie en danger s'ils avaient du travail, un logement, de meilleures conditions de vie…», explique-t-elle avant d'appeler les pouvoirs publics à agir au plus vite pour mettre fin à cette «tragédie». «Ce massacre doit impérativement s'arrêter», assène-t-elle non sans regretter le traitement réservé à ces jeunes une fois sauvés par les gardes-côtes. «Plutôt que de les conduire en prison comme de vulgaires malfaiteurs, l'Etat doit, au contraire, leur donner des raisons d'espérer, de croire en leur pays…» Fidèle à ses positions, la première responsable du PT estime que cela passe nécessairement par un changement de cap dans la politique économique du gouvernement qui doit, donc, «arrêter le processus de privatisation et réhabiliter le secteur public créateur d'emplois et générateur de richesses».La fuite des cerveaux n'est pas moins «saignante» pour le pays, selon Louisa Hanoune qui avance le chiffre de 40 000 cadres et chercheurs algériens établis à l'étranger. Ce qui n'est pas surprenant, ajoute-t-elle, quand on sait le traitement réservé aux élites du pays. Pour illustrer son propos, l'intervenante cite l'exemple de «consultants étrangers rémunérés à plus de 16 000 dollars le mois alors que les cadres algériens perçoivent des salaires de misère», ou encore celui de 4 chercheurs «radiés depuis une année pour avoir cumulé des cours afin d'arrondir leurs fins de mois».