Dans le drame qui frappe sept familles à Bachdjarah, les autorités ont doublement failli. D'abord, pour avoir autorisé – ou ordonné – une expulsion collective en plein hiver et au milieu de l'année scolaire. Quand bien même la décision du tribunal de Hussein Dey serait indiscutable, il n'en demeure pas moins que son exécution en cette période de l'année, est, pour le moins, inacceptable. D'autant que le jugement a été rendu il y a plus de 13 mois, en décembre 2005 précisément, et les autorités avaient, de ce fait, la possibilité de procéder à l'expulsion des familles mises en cause au printemps ou l'été derniers et personne n'aurait crié au scandale. Elles ne l'ont pas fait. Elles ont attendu la saison des pluies pour passer à l'acte, privant au passage une dizaine d'enfants de suivre leurs cours. Pourquoi ? Cette interrogation taraude sans doute les esprits – déjà torturés — des désormais ex-habitants du 50, rue des Ecoles. Le propriétaire de l'immeuble est dans son bon droit, c'est indéniable. Mais n'est-il pas tout aussi indéniable que ces malheureux pères et mères de familles ont le droit, eux aussi, de bénéficier d'une disposition appliquée dans tous les pays du monde, à savoir «la non-exécution de décisions d'expulsion en plein hiver» ? Ces élèves n'ont-ils pas le droit de terminer l'année scolaire avec leurs camarades ? Les autorités ont également failli en laissant les expulsés livrés à eux-mêmes. 20 femmes et enfants s'entassent chaque nuit sous une tente de quelques mètres carrés et le maire ne trouve rien à leur proposer que de déposer des dossiers pour éventuellement bénéficier de logements participatifs dans… 18 mois. Pourtant, ces familles n'ont pas demandé de logement. Elles savent que cela ne servira à rien de le faire puisque les demandes qu'elles ont formulées, pour certaines en 1976, sont restées sans suite. Elles ont tout juste quémandé une tente pour abriter les plus vulnérables d'entre elles. Or, semble-t-il, l'APC ne dispose pas de tentes ni de moyens pour en procurer une à des citoyens jetés à la rue…