Débat n Une rencontre littéraire autour de la présentation du numéro de la revue Naqd consacré aux «Femmes et à la Citoyenneté» a eu lieu hier à la Bibliothèque nationale. Cherifa Hadji, universitaire, a relevé la présence significative de l'élément féminin dans l'espace public, un espace tendant davantage à se féminiser. «Les femmes occupent, de plus en plus, l'espace public», a-t-elle dit, ajoutant que leur présence en dehors du foyer constitue le prolongement de leurs activités domestiques. «On les voit dans le secteur public, à savoir l'éducation, la santé…» La femme se trouve toutefois, selon l'intervenante, dans les secteurs les plus défavorisés, c'est-à-dire dans la Fonction publique. «Elles sont sanctionnées par le marché de l'emploi», a-t-elle souligné. Fatima Oussedik a, pour sa part, constaté que la femme a, depuis les années 1970, significativement évolué, passant de la femme «mère-épouse», donc femme au foyer, à la femme active. La femme algérienne a, selon l'oratrice, acquis un sens social au fil des décennies. «La femme algérienne a acquis un statut, des droits, des valeurs», a-t-elle indiqué. Et d'ajouter : «La femme algérienne a inscrit et accompli des choses concrètes. Elle a accompli un devenir. Sur une trentaine d'années, elle a construit un destin au féminin.» Dalila Lamarène et Berkahoum Ferhati ont, de leur côté, évoqué les violences faites à la femme algérienne, des violences physiques, verbales ou encore seulement par le regard. Pour elle, c'est une manière de retirer la femme algérienne de l'espace public et l'enfermer dans un discours rétrograde de manière à l'inhiber et à la dépouiller de ses droits. Enfin, Ghania Mouffouk, journaliste, a, pour sa part, tenu à mettre l'accent sur la fonction que revêt la violence. «La fonction de la violence est idéologique, elle nous renvoie à enfermer la femme – donc à lui interdire le dehors – et à rendre l'espace public dangereux de manière à justifier sa réclusion.» En effet, l'espace public est représenté, de jour en jour, comme un espace dangereux pour la femme, un espace où la femme peut faire l'objet de tant de violence par la société qui ne cesse de la harceler et de l'agresser. Daho Djerbal, universitaire, et directeur de la revue, a expliqué que «ce travail aide à réfléchir sur la condition de la femme algérienne et sur la notion de citoyenneté», ajoutant que «ce qui se fait aujourd'hui, sera un acquis demain.» Et de dire aussi que la revue Naqd fête son 15e anniversaire. «Quinze années d'épreuves, de travail, d'abnégation. On a traversé les années 1990, et aujourd'hui on est là, pour témoigner qu'on peut faire des chose et aller de l'avant.» «Nous avons tenu à marquer cet anniversaire par un numéro sur la question de la femme et de la notion de citoyenneté», a-t-il dit.