Actuellement en tournée à travers bon nombre de villes algériennes, la pièce de théâtre égyptienne Antigone à Ramallah, Antigone à Beyrouth est l'un des premiers spectacles, accueillis par le pays dans le cadre de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe 2007», à sortir d'Alger pour être présenté à l'intérieur du pays. Produite par le centre El-Hanajer des arts égyptiens dirigée par une femme, Houda Ouasfi, la pièce Met le doigt sur la plus grande des tragédies de l'heure du monde arabe : la guerre pour ne nommer qu'elle. Ecrite sous forme de poème par Mohamed El-Saouden – qui en est également le scénographe et le metteur en scène –, en réaction à l'invasion de Beyrouth en 2006, la pièce «se veut un réquisitoire, sans concessions, contre cette guerre et toutes les autres». Elle se veut aussi «une dénonciation de ses effets dévastateurs, des calculs froids et sordides qui en sont derrière et de l'insupportable injustice qu'elle représente pour ceux qui la subissent». Les pays arabes, qui souffrent l'innommable et l'horreur des suites des guerres qui leur sont faites, forment la toile de fond de ce spectacle écrit «avec les tripes» et interprété avec autant de rage par trois jeunes comédiens, Najla Younes, Ahmed Yahia et Mohamed Turki. Le metteur en scène et auteur de la pièce a choisi de recourir au théâtre expérimental qu'il juge mieux adapté «pour exprimer sa colère et son refus et plus» dans une versification libre et imagée susceptible de mieux rendre «l'âme» de son texte. Comme un peintre de l'abstrait, la pièce procède par tableaux successifs «où sont réunis tous les éléments du macabre et du refus : cercueils qui craquent, tombes ouvertes et parlantes, processions funèbres, lourdes chaînes en fer qui se cassent, cadavres déchirant leurs linceuls Dans ce décor de ruine, de désolation et de colère extrême, Antigone campée par NajlaYounes, ne sait plus où donner de la tête, car les frères martyrs qui n'ont même pas eu droit à une sépulture sont trop nombreux et leurs voix qui s'élèvent de l'au-delà, réclament... justice et vengeance.