Le corps, son corps, est ce qu'il y a de plus précieux pour le rêveur. C'est par lui qu'il vit et qu'il a une individualité, aussi ne faut-il pas s'étonner qu'il est une source inépuisable de références et de symboles. Les langues fourmillent d'expressions sur le corps. En français, par exemple, on parle de corps sain, de corps bien ou mal proportionné, corps fluide, solide, pur, simple, corps étranger, céleste, matériel, immatériel, etc. Sans oublier les expressions où entrent le mot «corps». Ainsi : corps politique, électoral, municipal. On note pour les professions : corps médical corps professoral, corps diplomatique, corps de fonctionnaires, de spécialistes, pour l'armée : corps de cavalerie, corps d'infanterie, corps expéditionnaire quand il s'agit d'envoyer des troupes dans un pays étranger, etc. Il y a des expressions encore plus imagées quand on parle de corps de délit, ou du corps des lois. En arabe classique, le mot djism a plusieurs significations : corps humain, substance, en chimie, en physique et en géométrie, masse, volume. L'adjectif djasim signifie grand, gros, gras, corporel, beau, etc. Il y a même un verbe d'où dérivent tous ces mots, djasama, avec une pléthore de sens : être grand, corpulent, épais, d'un grand volume, donner du volume, rendre corporel, changer en corps, en matière, se faire corps, se proposer quelque chose de grand, etc. La médecine, la mécanique, la géographie et bien d'autres sciences ont emprunté le vocabulaire des parties du corps pour nommer des référents : ainsi on parle du bras d'un moulin, ou d'un fleuve, d'un œil de bœuf, petit orifice sur les portes pour regarder, etc.