Résumé de la 65e partie n Neeve n'abandonne pas ses recherches. Elle téléphone à toutes les personnes qu'Ethel a rencontrées la semaine écoulée. Anthony della Salva était le nom suivant. Neeve ne se tracassa pas en apprenant qu'il était absent. Elle le verrait ce soir pour dîner. Gordon Steuber. Ethel disait qu'elle l'avait assassiné dans son article. Mais quand l'avait-elle vu pour la dernière fois ? A contrecœur, Neeve composa le numéro du bureau de Steuber et fut immédiatement mise en communication avec lui. Il ne perdit pas son temps en amabilités. «Qu'est-ce que vous voulez ?», demanda-t-il sèchement. Elle l'imaginait, renversé dans son fauteuil de cuir repoussé orné de cabochons de cuivre. Elle prit une voix aussi froide que la sienne. «On m'a demandé de trouver où se cache Ethel Lambston. C'est urgent.» Prise d'une intuition, elle ajouta : «J'ai vu sur son agenda qu'elle vous a rencontré la semaine dernière. Vous a-t-elle donné une indication de l'endroit où elle se serait rendue ?» De longues secondes passèrent dans un silence total. Il cherche quoi répondre, pensa Neeve. Lorsque Steuber parla, ce fut d'un ton calme et détaché : «Ethel Lambston a demandé à m'interviewer il y a plusieurs semaines pour un article qu'elle était en train d'écrire. Je ne l'ai pas reçue. Je n'ai pas de temps à perdre avec ce genre de mouches du coche. Elle a téléphoné la semaine dernière, mais je n'ai pas pris la communication.» Neeve entendit un claquement sec à son oreille. Elle était sur le point de composer le numéro du couturier suivant sur la liste quand son téléphone sonna. C'était Jack Campbell. Il paraissait inquiet. «Ma secrétaire m'a dit que votre appel était urgent. Avez-vous un problème, Neeve ?» Elle trouva subitement absurde d'essayer de lui expliquer au téléphone qu'elle s'inquiétait parce que Ethel Lambston n'était pas venue chercher ses nouveaux achats à la boutique. Elle préféra dire : «Vous êtes sans doute débordé, mais pourriez-vous me recevoir une petite demi-heure assez rapidement ? — J'ai un déjeuner avec un de mes auteurs, dit-il. Voulez-vous venir vers trois heures à mon bureau ?» Givvons and Marks occupait les six derniers étages d'un immeuble à l'angle sud-ouest de Park Avenue et de la Quarante et Unième Rue. Le bureau personnel de Jack Campbell était une immense pièce d'angle au quarante-septième étage avec une vue époustouflante sur tout le bas de Manhattan. Sa table de travail, modèle géant, était laquée de noir. Derrière elle, sur le mur, les étagères débordaient de manuscrits. Un canapé de cuir noir et des fauteuils assortis étaient groupés autour d'une table basse en verre. Neeve s'étonna de l'absence de touches personnelles dans la pièce. On aurait dit que Jack Campbell lisait dans ses pensées. «Mon appartement n'est pas encore terminé, si bien que je loge à Hampshire House. Tout ce que je possède est encore au garde-meuble, voilà pourquoi cet endroit ressemble à une salle d'attente de dentiste.» (à suivre...)