Résumé de la 11e partie n Ethel Lambston est une bonne cliente de la boutique de Neeve. Cette dernière est en conflit avec un couturier qui exploite son personnel. Quelqu'un dans le bureau de Steuber avait mis le Women's Wear Daily au courant. La rédaction avait publié le poème en première page, avec la lettre cinglante de Neeve à Steuber, et invité les autres revendeurs à boycotter les fabricants qui violaient la loi. Anthony della Salva s'était montré inquiet. «Neeve, on dit que Steuber a bien plus à cacher que des ateliers au noir. Grâce au lièvre que tu as soulevé, le FBI met son nez dans ses déclarations de revenus. — Parfait, avait rétorqué Neeve. S'il fraude aussi sur ce point, j'espère qu'ils vont l'épingler.» Bon, décida-t-elle en plaçant le tailleur de Steuber sur le cintre, c'est bien la dernière de ses créations qui sortira de ma boutique. Elle avait hâte de lire l'article d'Ethel. Elle savait qu'il devait prochainement sortir dans Contemporary Woman, le magazine dans lequel Ethel rédigeait une chronique régulière. Pour finir, Neeve établit les listes à l'intention d'Ethel. «Avec l'ensemble du soir en soie bleue, porter une blouse de soie blanche ; bijoux dans la boîte A. Avec le trois-pièces rose et gris, chaussures grises, sac assorti, bijoux dans la boîte B. Robe de cocktail noire...» Huit tenues en tout. Avec les accessoires, le tout coûtait près de sept mille dollars. Ethel dépensait cette somme trois ou quatre fois par an. Elle avait confié à Neeve que lors de son divorce, vingt-deux ans auparavant, elle avait obtenu une grosse indemnité qu'elle s'était employée à placer intelligemment. «Et il me verse mille dollars par mois de pension alimentaire jusqu'à ma mort, avait-elle dit en riant. A l'époque où nous avons divorcé, tout allait bien pour lui. Il a dit à ses avocats qu'il donnerait jusqu'à son dernier cent pour être débarrassé de moi. Au tribunal, il a déclaré que si jamais je me remariais, le type ferait mieux d'être sourd comme un pot. Sans cette vacherie, je lui aurais peut-être donné une chance. Il s'est remarié, il a eu trois gosses, et depuis que Columbus Avenue est devenue à la mode, son bistrot marche de plus en plus mal. A chaque fois, il me téléphone et me supplie de lui lâcher la bride, mais je réponds que je n'ai encore trouvé personne qui soit sourd comme un pot.» A cet instant, Neeve fut près de détester Ethel. Puis Ethel avait ajouté avec tristesse : «J'ai toujours désiré fonder une famille. J'avais trente-sept ans lorsque nous nous sommes séparés. Pendant les cinq années de notre mariage, il n'a jamais voulu me faire un enfant.» Neeve avait alors commencé à lire régulièrement les articles d'Ethel et elle s'était rapidement rendu compte que si Ethel pouvait être une bavarde impénitente à l'air écervelé, c'était aussi une femme qui écrivait remarquablement. Quel que soit le sujet traité, il était clair qu'elle poussait toujours ses recherches à fond. Avec l'aide de la réceptionniste, Neeve agrafa le bas des housses. Les chaussures et les bijoux furent rangés dans des boîtes individuelles et ensuite rassemblés dans les cartons ivoire et rose où on lisait : «Chez Neeve». Avec un soupir de soulagement, elle composa le numéro d'Ethel. (à suivre...)