Littérature n Bab-Erih est un roman au féminin, débordant de poésie. Ghania Hammadou, écrivaine, auteur de Bab-Erih, un roman paru aux éditions Paris/Méditerranée, était, hier, l'invitée de «Un auteur, un livre», un rendez-vous littéraire bimensuel initié par le Centre culturel français d'Alger. «Bab-Erih est un titre poétique, dit en arabe», souligne Rachid Mokhtari, critique littéraire, ajoutant que «dans ce titre, il y a deux vocables : Bab où il y a une référence urbaine, architecturale, il renvoie à une certaine protection, à un sentiment de défense. Erih évoque une brise ou une bourrasque, le vent.» «En fait, Bab-Erih veut, restituer le caractère de la ville, Alger, autour de laquelle s'écrit mon histoire», explique Ghania Hammadou. «Quant au vocable de Bab, il y a, poursuit-elle, l'idée de fermeture, de frontière, du dedans et du dehors.» Pour sa part, Yamilé Ghebalou, universitaire, souligne que «Bab-Erih est un roman d'appartenance, d'amour pour Alger». «En effet, je raconte Alger à travers deux voix de femmes, Selma et Hélène, une ville que l'on croit posséder, gagner à conquérir, mais qui est comme le vent insaisissable, quelque chose de fuyant. Je raconte Alger, une histoire plurielle qu'il faut accepter», explique l'écrivaine. Bab-Erih met en scène une ville au cœur de la tempête, celle des années 1990 ; une ville dite à travers Selma et Hélène, deux femmes originaires d'Alger, sauf que Selma est immergée dans cette ville à laquelle elle appartient corps et âme, alors que Hélène, qui l'a quittée, y revient. Elle va à sa découverte. L'on assiste à sa reconstruction, à une reconstruction de soi. Selma vit la tragédie nationale de l'intérieur, au quotidien, mais Hélène vit le drame de loin, de l'extérieur, à la périphérie. Elle est tel un voyeur. Selma ne cherche pas à dramatiser la situation, ni la théoriser. «Elle mène sa vie à l'échelle humaine», explique l'écrivaine, alors que Hélène dramatise la réalité et l'analyse. Yamilé Ghebalou relève, en outre, que «le roman est proche du roman populaire». «C'est un roman populaire où il y a des expressions tirées du dialecte, du parler algérois. On a l'impression, en lisant les expressions en français, d'entendre de l'arabe. C'est un langage savoureux», dit-elle. Enfin, Rachid Mokhtari, de son côté, définit le roman comme un roman palpitant de poésie. «C'est aussi un roman aux accents féminins qui pose un regard critique sur la société algérienne.»