«L'Iran aura d'ici six mois à un an acquis le savoir-faire pour enrichir de l'uranium à une échelle industrielle.» C'est ce qu'a affirmé en personne, ce mardi, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) Mohamed El-Baradei. «Téhéran pourrait disposer de 3 000 centrifugeuses dans les prochains mois», a-t-il déclaré dans un entretien au Financial Times à paraître ce mardi. «Cela pourrait être six mois, cela pourrait être un an», a-t-il indiqué. M. El Baradei a également estimé que l'Iran allait très probablement ne pas se conformer à la demande du Conseil de sécurité de suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium. Le directeur de l'Aiea doit remettre, cette semaine, un rapport crucial au Conseil de sécurité des Nations unies sur le programme nucléaire iranien. M. El-Baradei doit y indiquer si l'Iran a accepté ou non de se plier à la résolution du Conseil de sécurité, votée le 23 décembre dernier, qui réclame la suspension de l'enrichissement d'uranium. Téhéran a refusé jusqu'à présent de s'y conformer. Mais pour M. El-Baradei, «il y a une grande différence entre acquérir le savoir-faire pour l'enrichissement et développer une bombe atomique». S'appuyant sur les estimations des services de renseignement américains et britanniques, il a estimé que l'Iran ne serait en mesure de produire une arme nucléaire que d'ici à cinq à dix ans. «La situation idéale est de s'assurer qu'il n'y a pas de capacité industrielle, qu'il y a des inspections complètes des installations nucléaires iraniennes», a-t-il indiqué. «Vous ne pouvez pas bombarder le savoir-faire», a-t-il ajouté.