Le président Mahmoud Ahmadinejad a maintenu mercredi ses positions en affirmant que l'énergie nucléaire était vitale pour l'avenir de l'Iran, alors que le délai que lui a accordé l'ONU pour suspendre ses activités nucléaires sensibles arrive à expiration. A Vienne la veille, des discussions entre le principal négociateur iranien sur le nucléaire, Ali Larijani, et le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Mohamed ElBaradei n'avaient permis aucune avancée. "L'énergie nucléaire est très importante pour les progrès et le développement de notre pays", a déclaré le président iranien lors d'un discours dans la province Gilan (nord), selon l'agence Isna. "Cela vaut la peine, même si nous devons mettre fin à d'autres activités pendant dix ans et nous concentrer sur ce dossier", a ajouté M. Ahmadinejad, sans préciser à quelles activités il faisait allusion. "Si nous obtenons cette énergie, notre peuple avancera d'un cinquantaine d'années (...) C'est pour cette raison que nos ennemis ont si peur", a-t-il insisté. Ces propos font écho aux déclarations samedi du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, selon lequel le programme nucléaire est "l'avenir et le destin" de l'Iran. Le 23 décembre, l'ONU avait adopté des sanctions contre l'Iran pour avoir refusé de suspendre ses activités d'enrichissement, dont la communauté internationale craint un détournement de sa finalité civile pour fabriquer l'arme nucléaire. Le Conseil de sécurité avait accordé 60 jours à l'AIEA pour rendre un rapport déterminant si l'Iran avait procédé à "une suspension complète" de ses activités d'enrichissement. Or M. ElBaradei devrait constater au contraire, dans un rapport qu'il doit remettre au plus tard vendredi, que l'Iran augmente l'enrichissement d'uranium, risquant d'entraîner une aggravation des sanctions de l'ONU. "Sauf revirement spectaculaire, je vais rapporter que l'Iran ne s'est pas conformé aux demandes de la communauté internationale", avait-il affirmé en début de semaine au Financial Times. Aucun revirement n'est intervenu à l'issue des entretiens mardi entre MM. Larijani et ElBaradei. Selon le directeur de l'AIEA, l'Iran aura d'ici six mois à un an acquis le savoir-faire pour enrichir de l'uranium à une échelle industrielle, avec 3.000 centrifugeuses fonctionnant "en cascade". Mais Téhéran est encore "très loin d'avoir la capacité de fabriquer une bombe", a-t-il souligné dans son interview au Financial Times. La Maison Blanche a réaffirmé mardi la fermeté de la communauté internationale, assurant toutefois vouloir régler la question par la diplomatie et rejetant les spéculations persistantes sur un recours à la force. Le Pentagone a également qualifié de "ridicules" des informations de la BBC selon lesquelles l'armée américaine posséderait des plans détaillés de frappes aériennes contre les sites nucléaires et les infrastructures militaires de l'Iran. Dans ce contexte tendu, les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime islamique, ont lancé cette semaine de nouvelles manoeuvres terrestres dans seize provinces iraniennes. "Toute démarche non-conventionnelle ou illogique recevra une réponse appropriée", a prévenu mardi M. Larijani. Un deuxième porte-avions américain, le USS Stennis, est arrivé lundi en mer d'Oman pour rejoindre le USS Eisenhower, une mesure présentée en janvier par la Défense américaine comme un avertissement adressé à Téhéran.