Mystère n Un Boeing de classe présidentielle, acheté par Abdelmoumene Khalifa pour dix millions de dollars, demeure introuvable. La séance d'hier du procès Khalifa a été marquée par la poursuite des plaidoiries des avocats de la partie civile. Dans l'après-midi, Me Ali Meziane, avocat du liquidateur de la banque M. Badsi, a plaidé la constitution de son mandant en partie civile. Son intervention n'a pas manqué de révélations sur l'étendue du préjudice subi, mais également sur les agissements de Abdelmoumène et de son proche entourage. L'avocat commence par lever le voile sur le sort réservé aux stations de dessalement d'eau de mer que devait construire le groupe Khalifa. De son intervention, il ressort que 45 millions d'euros ont été transférés à l'étranger pour l'acquisition de ces stations. Une fois achetées, les installations ont été détournées vers l'Arabie saoudite avant d'être revendues au Yémen. De même, ajoute-t-il, Khalifa et ses complices ont procédé à la surfacturation du coût du projet puisque la liquidation a découvert un «faux contrat de cette transaction, d'une valeur de 81 millions de dollars, alors que le vrai contrat portait sur un montant de 58 millions de dollars ». Citant des informations émanant du FBI, il révèle que 13 petits avions achetés initialement par l'ex-Golden boy avec l'argent des déposants, ont été démontés et revendus aux Etats-Unis par le conseiller de ce dernier, le Libanais Raghed Al Chamaâ. Selon le plaideur, un Boeing de classe présidentielle, acheté pour la somme de 10 millions de dollars, a également disparu. Parmi les autres malversations relevées, l'achat d'actions à un établissement financier établi au Luxembourg, la FIBA. Le hic, c'est que Khalifa a payé ces actions dix fois plus chères (10 millions d'euros alors que leur valeur réelle n'est que de 1 million d'euros). Tout ce qui l'intéressait, c'était de devenir actionnaire de la société, quelle que soit la somme à débourser. La liquidation a toutefois réussi à récupérer cet argent en cédant les actions. Sur un autre registre, M. Meziane a révélé que son client s'est rendu à Londres et y a rencontré le principal accusé à 4 reprises. Ce dernier, à en croire l'avocat, aurait même fait la proposition de rembourser une infime partie de l'argent détourné, soit 45 millions d'euros. L'intervenant a également signalé qu'à l'heure actuelle la liquidation ne peut rembourser les déposants qu'à hauteur de 5%, démentant Khalifa qui avait affirmé avoir laissé 3 milliards de dollars dans les caisses de la banque, autrement «toutes les victimes seraient aujourd'hui remboursées», affirme-t-il. Enfin, il y a lieu de signaler la sortie de l'avocate de la Caisse nationale des assurances sociales qui a demandé la constitution de la caisse en partie civile tout en enfonçant Abdelmadjid Sidi Saïd, président du Conseil d'administration de la caisse, Aboudjerra Soltani, ministre du Travail au moment des faits et l'ancien directeur de la caisse. Pour rappel, la Cnas a perdu plus de 10 milliards de dinars dans la faillite du groupe.