Les frites deviennent un produit de luxe... ou presque, avec le doublement en un an du prix de la pomme de terre, une envolée reflétant les mauvaises récoltes du tubercule l'été dernier en Europe et le fort appétit des Chinois pour les frites et les chips. A la Bourse belge de la pomme de terre, la tonne de «bintjes», variété courante la plus cultivée en Belgique (60%), valait, il y a quelques jours, 300 euros, soit le double du prix affiché un an plus tôt. En 2003, année de surproduction, la patate valait dix fois moins. Selon les professionnels, la hausse n'est pas terminée : la tonne de pommes de terre, pour livraison avril, est négociée à 361 euros sur le marché à terme d'Hanovre (Allemagne). Un mois de juillet caniculaire suivi d'un coup de froid en août ont endommagé les récoltes dans les principaux pays producteurs européens. En 2005, la production mondiale (150 pays) de pommes de terre, quatrième culture après le riz, le blé et le maïs, atteignait 322 millions de tonnes, dont 74 millions revenaient à la Chine, premier producteur mondial du tubercule. Malgré cette position dominante, la Chine ne parvient toutefois pas à rassasier ses sujets qui ont goûté aux frites et chips surgelés qu'ils apprécient dans les fast-foods des grandes chaînes américaines. Et malgré une augmentation récente de 50% des terres cultivées en pommes de terre, elle est contrainte d'importer 70% de sa consommation de produits transformés (frites et chips). Les Etats-Unis lui fournissent 80% de ce quota.