Résumé de la 4e partie n Le nouveau régisseur est assassiné dans une partie de chasse. Maintenant la jeune veuve accorde plus de confiance à sa chienne, «Princesse», qu'à n'importe quel homme. Mais les princesses sont comme les autres. S'il passe alentour un mâle de sa catégorie, au bon moment, les amours sont inévitables. Et Princesse est bientôt grosse. Le vétérinaire prévoit une nombreuse portée. Effectivement, le jour de la délivrance, sa maîtresse accueille du ventre de Princesse sept petits princes en bonne et due forme. L'accouchement s'est passé sans difficulté, lorsque soudain la malheureuse chienne pousse des hurlements atroces. Des hurlements de douleur, insoutenables. Elle se roule à terre cherche à se redresser, à se lécher, à se mordre le ventre ; elle mordrait n'importe quoi, d'ailleurs, tant la douleur est intense. Le vétérinaire parvient à constater que son utérus s'est noué. — Je n'ai jamais vu une chose pareille. Il arrive que l'utérus se retourne, ce qui provoque des douleurs, mais Dieu merci, jamais si intenses... mais noué... le cas se présente une fois sur un million... — Vous pouvez la sauver ? — Elle s'en sortira, je vous le promets. Tandis que le vétérinaire s'active auprès de Princesse, le jardinier du domaine, qui avait assisté à la naissance des chiots, repart s'occuper de ses massifs de rhododendrons. Il revient au bout de quelques minutes, le visage décomposé. — Madame... venez voir... — Quoi ? — Je vous en prie, je n'ose pas l'apporter jusque-là, venez voir vous-même... La jeune femme suit le jardinier jusqu'à un massif proche, et le jardinier lui montre une chose étrange. En soi elle n'a rien d'étrange, il faut le préciser, c'est une chambre à air de bicyclette. Ce qui a provoqué l'effroi du jardinier, c'est la façon dont elle est nouée. Un nœud dans ce boyau de caoutchouc, semblable, dit un journaliste, à celui qui s'était formé dans l'utérus du pauvre animal. Semblable... Il se trouvera certainement des spécialistes pour discuter de la ressemblance entre un nœud de chambre à air et celui d'un utérus. Mais le jardinier, lui, est persuadé de la relation : — Princesse a été envoûtée, madame... envoûtée... Madame doute, tout de même. Un envoûtement à base de chambre à air de bicyclette, destiné à une chienne de compagnie, c'est un peu énorme, a priori. Mais le jardinier a vraiment peur. Il veut convaincre sa maîtresse. Il l'entraîne : — Venez voir, madame, il faut que vous voyiez ça… Le jardinier traverse la pelouse grandes enjambées, tirant sa maîtresse derrière lui. Il grimpe quatre à quatre les étages qui mènent à l'appartement du valet de chambre. — Je sais qu'il ne veut pas qu'on entre chez lui, mais justement, madame, cette fois, il faut que vous entriez là-dedans. La porte est fermée. Le jardinier l'enfonce de trois coups d'épaule. Devant la châtelaine du joli domaine tourangeau, fait de tant de douceur de vivre, d'air pur et de vin léger comme un caprice, s'offre alors un spectacle écœurant. Le valet de chambre, terrifié, s'est réfugié au fond de sa chambre, cloué sur place, surpris en plein machiavélisme. Sur un mur, la photo du régisseur, lardée de centaines de coups d'épingle... Sur la table, une maquette d'avion, celle d'un biplan Beechcraft, transformée en véritable pelote d'épingles. Et le jardinier, prudent, demeure sur le pas de la porte, il n'ose pas pénétrer dans l'antre de l'envoûteur. Car : il a envoûté, c'est lui l'assassin, qui aurait fait tomber l'avion en tordant ses aiguilles, c'est lui qui aurait obligé le chasseur maladroit à appuyer sur la gâchette, comme «poussé par une force irrésistible»... lui qui aurait noué une chambre à air de bicyclette, pour que se torde l'utérus de Princesse. Par jalousie, pour priver sa maîtresse adorée de tout amour autre que le sien... L'envoûtement n'est pas reconnu par la science, il ne l'est pas non plus par la justice. Ce qui explique que malgré l'intime conviction de ceux qui approchèrent ces objets, qui furent témoins de l'accident d'avion, et de la mort du régisseur... malgré le trouble de la châtelaine devant cette succession de faits étranges, le valet de chambre envoûteur ne fut pas inquiété. Il découle de cela que les auteurs ont conservé l'anonymat pour les personnages de cette histoire, et notamment, celui de l'envoûteur. Certains journalistes purent cependant avancer le fait que cet homme vivait actuellement dans notre belle capitale et qu'il y exerçait son métier de valet de chambre dans un grand hôtel. A-t-il toujours besoin d'épingles ?