Récital n Chacun a déclamé avec une verve accorte, recherchée, voire épurée et harmonieuse quelques poèmes. Les poésiades arabes, Okadhiate d'Alger en référence au célèbre marché arabe, Okadh, qui se trouvait à la Mecque durant la période préislamique, se sont ouvertes hier au Palais de la culture. C'était un marché où les poètes côtoyaient les commerçants et ou ils se livraient à une joute oratoire, disaient leurs poèmes et le meilleur recueillait les faveurs des notables de la cité, à savoir les Koraïchite. Se poursuivant jusqu'au 1er mars, cette rencontre poétique, initiée dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe», et placée sous le générique de «Racines et avenir», a vu, pour ce premier récital, la participation de poètes, comme Ali Charkaoui (Bahreïn), Sajda El-Moussaoui (Irak), Moncef El-Mazghani (Tunisie), Aïcha El-Basri (Maroc), Abou Shadja (Mauritanie), Mahmoud Abou Hachehache (Palestine), et du côté algérien Abou El-Kacem El-Khamar. Chacun des poètes a joué habilement sur le mot, son choix et sa composition, créant une euphorie intérieure et des instants d'évasion. Chacun a déclamé avec une verve accorte, recherchée, voire épurée et harmonieuse quelques poèmes, abordant des thématiques diverses, à savoir l'enfance, l'amour, la vie, la femme… C'était une soirée consacrée au verbe dans sa beauté et sa musicalité. Musicalité, parce que les poètes ne lisaient pas leur texte, mais le disaient dans une allure langagière plastique et emphatique de manière à faire entendre avec solennité sa mélodie. Ils déclamaient leurs poèmes avec chantonnement. Ces poètes venus d'horizons divers laissaient dire par leur éloquence et leur veine langagière que la poésie est un rêve, né de la magie du mot, un mot habité par un esprit, une âme éthérée. Ils laissaient dire par leur souffle et leur inspiration que la poésie est l'art de la parole, et que la parole se révèle dans sa beauté et sa richesse. Sans la parole, le mot n'existerait pas, et sans le mot, il ne peut y avoir de poèmes, donc de poésie. La poésie naît de ce besoin de dire une sensibilité, un rêve, une possibilité de vivre, de dire également une liberté, une humanité, un savoir-faire, celui du langage. Cette poésiade, qui verra la participation d'une quarantaine de poètes, contribuera, pour certains, au rapprochement entre les poètes arabes qui échangeront leurs vues et partageront leurs expériences. Il s'agit, pour d'autres, d'un espace dédié à la poésie qui offrira à chacun l'occasion de connaître les œuvres d'une pléiade de poètes épris du monde féerique du vers. Il est à souligner que durant l'Okadhiate, les poètes devront animer des conférences relatives aux questions de la recherche et la création poétique.