Ambiance n Signe d'une vie qui reprend, le centre-ville de Sidi Moussa grouille de monde durant la nuit. Dans les cafés et autres estaminets de fortune, on trouve, même à une heure tardive, toutes les peines du monde à dénicher une chaise vide. Vendeurs de grillades et autres restaurateurs se disputent une clientèle qui vient même de loin, nous dit-on. En solo, entre amis et même en famille, on profite au maximum de la fraîcheur dégagée par les séculaires arbres qui longent les principales artères. La musique raï se mêle agréablement à des mélodies orientales savoureuses, alors que chez un coiffeur encore ouvert, Hakmet Lakdar, un tube dépoussiéré du groupe marocain Lemchaheb trouve lui son espace d'expression. Dans ce patchwork qu'on aurait oublié des années durant, Sidi Moussa, naguère orpheline de tout ce qui pouvait être jovial, se fraie aujourd'hui son petit bonhomme de chemin pour trouver grâce aux yeux de ses habitants, connus pour leur hospitalité légendaire. Mieux encore, aujourd'hui, on commence à respirer, tant il est vrai que les larcins, le kif et les agressions de tous genres ont, selon les dires des citoyens, sensiblement diminué et ce depuis le redéploiement massif des forces de sécurité. Prenant le relais d'un terrorisme tout aussi ravageur que meurtrier, la petite criminalité s'était propagée dans les rangs de la jeunesse à une vitesse telle que ceux qui n'avaient pas quitté la région durant la décennie noire avaient sérieusement songé à aller s'abriter sous d'autres cieux, de peur d'être la proie facile d'énergumènes qui se permettent toutes les folies, en avalant, de jour comme de nuit, des barbituriques à profusion. On respire mieux car à la vue des gendarmes qui sillonnent artères et venelles, on a un sentiment de sécurité. «En faisant des randonnées par intermittence, nous, gendarmes, voulons apporter ce soutien psychologique à la population et cet effet psychologique a une double connotation. D'une part, les gens se sentent sécurisés et bien dans leur peau. D'autre part, il s'agit d'une arme dissuasive contre les petits délinquants qui savent qu'ils ne peuvent rien entreprendre et que le temps de l'impunité est bel et bien révolu», nous affirme un gendarme. Pour preuve, ce dernier nous a fait savoir que lors des perquisitions et autres rafles instantanées, rares étaient les jeunes sur qui on a trouvé des armes blanches. Un flagrant délit qui peut mener pour un long bail en prison. «Maintenant que les recommandations du procureur général qui vont dans le sens de la lutte contre la petite criminalité sont devenues effectives sur le terrain, nous allons leur mener la vie dure et aucune poche ne devra résister au rouleau compresseur des services de sécurité», prévient sobrement notre interlocuteur. En misant sur la recette «tolérance zéro», nos hommes comptent mener leur «guerre» jusqu'au bout, quitte à jouer carrément au «chat et la souris». «Même si nous savons pertinemment que la délinquance ne peut jamais être éradiquée à 100%, nous mènerons tout de même notre tâche avec la plus grande rigueur pour au moins essayer de l'atténuer au maximum et c'est cela notre pari», renchérit le même gendarme.