Questionnement Un sondage d?opinion a été effectué par l?émission Mots croisés de France 2 et le quotidien La Provence. Les «calculettes» des sondages d?opinion, fussent-elles recommandées, démontrent jusqu?où une partie d?un peuple, par un orgueil inconvenant, peut aller dans le refus d?admettre les erreurs du passé et laisser ainsi passer une chance inouïe de fermer une parenthèse, laissée ouverte depuis 1830, en demandant pardon. Aujourd?hui lundi, le quotidien français La Provence a publié les résultats du sondage CSA, effectué pour l?émission Mots Croisés sur France2. Les chiffres sont ahurissants : la majorité des Français (55%) estime que la France ne doit pas demander officiellement pardon à l'Algérie pour les 130 années de colonisation. Les personnes favorables au pardon ne constituent que le faible taux de 37%, tandis que 8% ne se sont pas prononcées. Le «grand pardon» n?est donc pas prévu dans une histoire jalonnée par tant de malheurs, de heurts et d?incompréhension. Ce refus risque aussi de nourrir réciproquement la haine «charnelle» entre les deux rives de la Méditerranée alors que dans les nouvelles coutumes des relations internationales, le pardon n?est jamais perçu comme synonyme d?un aveu de faiblesse. La Belgique l?a fait avec ses ex-colonies africaines, l?ex-régime Apartheid avec les Noirs de l?ANC et les Allemands avec les victimes de l?holocauste. Et depuis, les larmes ont été séchées. Et pour donner plus d?allant à leurs convictions, 43% des sondés estimaient que la situation en Algérie était bien meilleure durant la présence coloniale (de 1830 à 1962) contre seulement 36% qui trouvaient, à l?opposé, que la situation est meilleure en Algérie depuis l?indépendance. Près de sept Français sur dix (66%) ont, en outre, le sentiment que tout n'a pas été dit sur la guerre d'Algérie (contre 23%). Par ailleurs, 68% des sondés considèrent qu'après ce conflit, la France s'est mal comportée vis-à-vis des harkis (contre 22%). Enfin, pour 60% des Français, la guerre d'Algérie pèse sur l'intégration des jeunes générations issues de l'immigration algérienne. Une opinion toutefois rejetée par 34% des sondés.