Résumé de la 1re partie n Le grand jars a utilisé la force et la violence contre les deux filles qui ne daignaient pas lui accorder de l'importance. Mais les petites avaient perdu tout sang-froid et ne comprenaient rien aux conseils qu'il leur donnait. Pourtant, elles sentaient au son de sa voix que l'âne était un ami, et aussitôt qu'elles purent s'échapper, ce fut auprès de lui qu'elles coururent se réfugier. Le jars ne les poursuivit pas, il se contenta de leur crier : — Et je confisque la balle, pour vous apprendre à me respecter ! En effet, il prit la balle dans son bec et se mit à tourner en rond au milieu du pré, en se rengorgeant tellement qu'il était tout en jabot et que sa tête se trouvait renversée entre ses deux ailes. A la fin, c'était agaçant. L'âne, qui était pourtant patient, ne put se tenir de lui crier : — Voyez donc ce gros niais qui se pavane avec une balle au bec ! Il a bon air, ma foi... Ah ! tu n'étais pas si fier, il y a un mois, quand la maîtresse t'arrachait ton duvet pour faire un oreiller ! De colère et d'humiliation, le jars manqua s'étrangler avec la balle. Les paroles de l'âne lui gâtaient la joie du triomphe, car elles lui rappelaient que son supplice n'allait pas tarder à recommencer : deux fois l'an, la fermière lui arrachait son plus fin duvet, et il avait alors le cou si dénudé que les poulets feignaient de le prendre pour le dindon. Cependant, il cessait de tourner en rond pour aller à la rencontre de sa famille qui entrait dans le pré. Il y avait une demi-douzaine d'oisons sous la conduite de leur mère l'oie. Ces oisons n'étaient pas de mauvaises bêtes, il n'y avait rien à leur reprocher. Un peu sérieux pour leur âge, mais ce n'est pas un défaut, et ils avaient des plumes jaunes et grises, légères comme une mousse. Pour la mère l'oie, c'était une assez bonne personne. Même, elle paraissait gênée des grands airs que prenait le jars, et à tout instant le poussait de l'aile en disant : — Voyons, mon ami, voyons... voyons... Mais le jars faisait semblant de ne pas entendre ses remontrances. Il tenait toujours la balle dans son bec et menait le troupeau vers le milieu du pré. Enfin, il s'arrêta et, posant la balle, dit à ses oisons : — Voilà un jouet que j'ai confisqué à deux méchantes gamines qui venaient me manquer de respect dans mon pré. Je vous le donne. Amusez-vous gentiment en attendant l'heure d'aller à l'étang. Les oisons s'approchèrent de la balle, mais sans entrain, ne comprenant pas comment ils pouvaient s'en amuser. Croyant que c'était un œuf, ils s'en écartèrent presque aussitôt d'un air ennuyé. Le jars se montra très mécontent : — Je n'ai jamais vu d'oisons aussi sots, gronda-t-il. C'est tout de même malheureux, on s'ingénie à leur trouver des distractions, et voilà comment on en est récompensé. Mais je vais vous apprendre à jouer à la balle, moi, et il faudra bien que vous vous amusiez ! — Voyons, mon ami, voyons..., protesta la mère l'oie. — Ah ! tu les soutiens ? eh bien ! tu joueras à la balle aussi ! (à suivre...)