Résumé de la 98e partie n Il semble à Jack et Neeve que la soirée a bien débuté. Les souvenirs d'enfance «occupent» toute leur conversation. Le bateau ? — Hu-um. Il était ancré sur l'Hudson à la hauteur de la Cinquante-sixième Rue Ouest. Bref, on y donnait une réception pendant le week-end de la fête du Travail : tenue de soirée, une foule de gens. Je connaissais quatre-vingt-dix pour cent de l'assistance. Gene et moi fûmes séparés dans la cohue. Je ne m'inquiétais pas. J'imaginais que nous finirons par nous retrouver. Mais lorsque ce fut le cas, il était hors de lui, me reprochant de n'avoir rien fait pour le rejoindre. J'entrevis une facette de sa personnalité dont je ne voulais pas dans ma vie.» Neeve haussa les épaules. «A vrai dire, je crois que je n'a' jamais trouvé personne qui me convienne. — Jusqu'ici, sourit Jack. Je commence à penser que vous êtes la Neeve de la légende, qui galope en laissant ses admirateurs derrière elle. On ne peut dire que vous m'ayez bombardé de questions sur ma vie, mais je vais malgré tout vous la raconter. Je suis bon skieur, moi aussi. J'ai passé les deux derniers Noël à Arosa. Je cherche un endroit où je puisse avoir un bateau cet été. Peut-être pourriez-vous me faire visiter les environs des Hamptons. Comme vous, j'ai failli me fixer une fois ou deux. En fait, je suis resté avec la même femme pendant quatre ans. — A mon tour de demander : Que s'est-il passé ?» Jack haussa les épaules. «La bague au doigt, elle est devenue une jeune personne extrêmement possessive. Je me suis rendu compte que j'étoufferais très rapidement. Je suis un grand adepte du principe de Kahlil Gibran sur le mariage. — Les piliers du temple qui restent séparés ?» fit Neeve. Elle fut récompensée par son expression de respect amusé. «Cela même.» Ils attendirent d'avoir terminé leurs framboises et qu'on leur apporte un espresso avant de parler d'Ethel. Neeve raconta à Jack le coup de téléphone du neveu et l'hypothèse qu'Ethel se cachait quelque part. «Mon père s'est mis en rapport avec ses anciens services. Il leur a demandé de repérer l'origine de l'appel. Et, franchement, je trouve qu'Ethel devrait laisser ce pauvre type en paix. C'est moche de sa part d'amasser de l'argent sur son dos depuis tellement d'années. Elle a besoin de cette pension alimentaire comme d'une jambe cassée.» Jack sortit de sa poche une copie pliée de l'article d'Ethel. Neeve lui dit qu'elle l'avait déjà lu. «Est-ce diffamatoire, à votre avis ? demanda-t-il. — Non. Je dirais que c'est drôle, rosse, caustique, facile à lire et potentiellement diffamatoire. Il n'y a rien là-dedans que tout le monde dans la mode ne sache déjà. Je ne suis pas sûre de la réaction d'Oncle Sal mais, le connaissant, je suis persuadée qu'il tournera en sa faveur le fait que sa mère colportait des fruits et légumes. C'est de Gordon Steuber que je me méfie. J'ai l'intuition qu'il peut se montrer mauvais. Quant aux autres couturiers visés par Ethel, que dire ? Personne n'ignore qu'hormis un ou deux d'entre eux, ils ne savent pas tenir un crayon. Ils adorent s'agiter et faire semblant de travailler.» Jack hocha la tête. «Question suivante. Pensez-vous qu'il y ait dans cet article matière à écrire un livre à scandale ? (à suivre...)