Résumé de la 27e partie n Denny Adler ne pourra pas accomplir son forfait ce lundi, son patron lui a demandé de remplacer un de ses collègues. Un sursis pour Neeve… Mais elle avait aussi l'œil juste pour les nouveaux couturiers. Neeve conservait la broche que l'un d'eux avait offerte à Renata. Elle avait été la première à vendre sa collection. «Ta maman, c'est elle qui m'a fait démarrer, rappelait volontiers Jacob Gold à Neeve. Une femme ravissante et qui connaissait la mode. Comme toi.» C'était le plus beau des compliments. Aujourd'hui, tandis que Neeve parcourait les rues Trente à Quarante Ouest en partant de la Septième Avenue, elle se rendit compte qu'elle était vaguement déprimée. Une tristesse douloureuse pesait sur elle, lancinante. Elle se gourmanda : à ce train, je vais devenir une de ces superstitieuses irlandaises qui trouvent «un signe» dans le premier ennui venu. Chez Artless, le fabricant de vêtements de sport, elle commanda des blazers de lin et des bermudas assortis. «J'aime le pastel, murmura-t-elle, mais il a besoin d'être rehaussé. — Nous suggérons ces chemisiers.» L'employé, son cahier de commandes à la main, désigna un rayon de chemisiers de nylon de couleur claire ornés de boutons blancs. «Humm... Ils iraient plutôt sous une robe-chasuble d'écolière.» Neeve passa en revue les showrooms et s'arrêta devant un T-shirt de soie multicolore. «Voilà ce que je cherche.» Elle en prit plusieurs avec différents motifs colorés et les mit à côté des ensembles. «Celui-ci avec le pêche ; celui-là avec le mauve. Maintenant, nous avons quelque chose de bien.» Chez Victor Costa, elle choisit des robes romantiques en mousseline de soie à encolure bateau qui flottaient gracieusement sur leurs portemanteaux. A nouveau, le souvenir de Renata lui traversa l'esprit. Renata dans un velours noir de Victor Costa, prête à se rendre à une réception du premier de l'An avec Myles. Elle portait son cadeau de Noël autour du cou, un collier de perles avec un bouquet de petits diamants. «Tu ressembles à une princesse, Maman», lui avait dit Neeve. Ce moment s'était imprimé dans sa mémoire. Elle s'était sentie tellement fière d'eux. Myles, droit et élégant avec ses cheveux prématurément blancs ; Renata, si mince, ses cheveux noirs de jais retenus en chignon. Le premier janvier de l'année suivante, quelques rares personnes étaient venues chez eux. Le père Devin Stanton, aujourd'hui évêque, et oncle Sal, qui s'efforçait alors de se faire un nom dans la haute couture. Herb Schwartz, l'adjoint de Myles, et sa femme. Renata était morte sept semaines auparavant... Neeve se rendit compte que l'employé attendait patiemment à côté d'elle. «Je suis dans les nuages, s'excusa-t-elle, et ce n'est pas de saison, n'est-ce pas ?» Elle passa sa commande, se rendit rapidement chez les trois autres fabricants inscrits sur sa liste et, à la tombée de la nuit, alla faire sa visite habituelle à l'oncle Sal. Les showrooms d'Anthony della Salva s'étendaient à présent dans tout le quartier de la confection. Sa ligne de sport se trouvait Trente-septième Rue Ouest. Ses accessoires, Trente-cinquième Rue. Ses bureaux de vente, Sixième Avenue. Mais Neeve savait qu'elle le trouverait dans son bureau principal, Trente-sixième Rue Ouest. C'est là qu'il avait débuté, dans deux pièces minuscules. Aujourd'hui, il occupait trois étages somptueusement aménagés. (à suivre...)