Résumé de la 2e partie n Marinette et Delphine dans une nouvelle peau, se sont accommodé avec leur nouvelle vie. Les deux fillettes deviennent, de l'histoire, à raconter aux gens. Mais après quelques jours, on leur fit entendre qu'ils étaient trop gros, trop encombrants et que leur place n'était plus à la cuisine. Il leur fallut se contenter de passer leurs têtes par la fenêtre en restant dans la cour. Les parents avaient toujours un grand chagrin de l'aventure survenue à Delphine et Marinette, mais au bout d'un mois ils n'y pensaient plus autant et s'habituaient très bien à la vue de l'âne et du cheval. Pour tout dire, ils les traitaient avec moins d'attention. Par exemple, la mère ne prenait plus le soin, comme aux premiers jours, de nouer la crinière du cheval avec le ruban qui servait à Marinette, ni d'attacher un bracelet-montre à la jambe de l'âne. Et, un jour qu'il déjeunait de mauvaise humeur, le père, avisant les deux animaux qui passaient leurs têtes par l'entrebâillement de la fenêtre, leur cria : — Allons, ôtez-vous de là, tous les deux ! Ce n'est pas l'affaire des bêtes d'avoir toujours un œil dans la cuisine... Aussi bien, qu'est-ce que vous faites de traîner dans la cour à n'importe quel moment de la journée, et de quoi la maison a-t-elle l'air ? Hier, je vous ai vus dans le jardin, c'est encore bien plus fort ! Mais j'entends qu'à partir de maintenant vous vous teniez dans le pré ou à l'écurie. Ils s'éloignèrent la tête basse, plus malheureux qu'ils n'avaient jamais été. De ce jour, ils prirent bien garde à ne pas se trouver sur le chemin du père et ne le virent plus guère qu'à l'écurie, où il venait faire la litière. Les parents leur paraissaient plus redoutables qu'autrefois, et ils se sentaient toujours coupables d'ils ne savaient quelle faute. Un dimanche après-midi qu'ils broutaient dans le pré, ils virent arriver leur oncle Alfred. Du plus loin, il cria aux parents : — Bonjour ! C'est moi, l'oncle Alfred ! Je suis venu vous dire bonjour et embrasser les deux petites... Mais je ne les vois pas ? — Vous n'avez pas de chance, répondirent les parents. Elles sont justement chez leur tante Jeanne ! L'âne et le cheval avaient bien envie de dire à l'oncle Alfred que les petites n'avaient pas quitté la maison et qu'elles étaient devenues les deux malheureuses bêtes qu'il avait sous les yeux. Il n'aurait su rien changer à leur état, mais il pouvait encore pleurer avec elles, et c'était quelque chose. Ils n'osèrent parler, craignant d'irriter les parents. — Ma foi, dit l'oncle Alfred, j'aurai regret de n'avoir pas vu mes deux blondes... Mais dites-moi, vous avez un beau cheval et un bel âne. Je ne les avais jamais vus et vous ne m'en avez pas parlé dans votre dernière lettre. — Il n'y a pas un mois qu'ils sont à l'écurie. L'oncle Alfred, caressant les deux bêtes, fut tout surpris de la douceur de leurs regards et de l'empressement qu'elles mettaient à tendre le col aux caresses. Il le fut bien davantage quand le cheval ploya les genoux devant lui et dit : — Vous devez être bien fatigué, oncle Alfred. Montez donc sur mon dos et je vous conduirai jusqu'à la cuisine. — Donnez-moi votre parapluie, dit l'âne, ce n'est pas la peine de vous en embarrasser. Accrochez-le plutôt à l'une de mes oreilles. — Vous êtes bien aimables, répondit l'oncle, mais il y a si peu de chemin que ça ne vaut pas de vous déranger. — Vous nous auriez fait plaisir, soupira l'ânon. — Voyons, coupèrent les parents, laissez votre oncle tranquille et allez-vous-en au fond du pré. Votre oncle vous a assez vus. (à suivre...)