Résumé de la 4e partie n La panthère avait réussi à intimider les parents et à instaurer de nouvelles règles de conduite à la ferme. Les parents s'habituèrent très vite à la présence de la panthère. Pourvu qu'ils ne punissent pas les petites trop fort et qu'ils ne fissent point de mal aux bêtes, elle se montrait toujours aimable avec eux. Même, certain dimanche où l'oncle Alfred vint à la maison, elle ferma les yeux sur la cuisson d'un poulet qu'on accommoda en sauce blanche. Il faut dire que ce poulet était une nature ingrate, n'ayant point d'autre souci que de tourmenter ses compagnons et de leur jouer quelque mauvais tour. Il ne fut regretté de personne. D'autre part, la panthère rendait des services. Par exemple, on pouvait dormir sur ses deux oreilles, la maison était bien gardée. On en eut bientôt la preuve une nuit que le loup s'avisa de venir rôder autour de l'écurie. Le malheureux loup avait déjà réussi à entrebâiller la porte et se pourléchait à l'idée du bon repas qu'il allait faire, lorsqu'il se trouva lui-même mangé sans avoir eu le temps d'y rien comprendre, et il n'en resta que les pattes de devant, une touffe de poils, et la pointe d'une oreille. Elle était bien utile aussi pour les commissions. Avait-on besoin de sucre, de poivre, de clous de girofle, l'une des petites sautait sur le dos de la panthère qui l'emmenait à l'épicerie d'un galop rapide. Parfois, même, on l'envoyait seule et il n'aurait pas fait bon pour l'épicier de se tromper à son avantage en rendant la monnaie. Depuis qu'elle s'était installée au foyer, la vie avait changé et personne ne s'en plaignait. Sans parler du vieux cheval qui ne s'était jamais vu à pareille fête, chacun se sentait plus heureux. Les bêtes vivaient en sécurité et les gens ne traînaient plus comme autre fois le remords de les manger. Les parents avaient perdu l'habitude de crier et de menacer, et le travail était devenu pour tout le monde un plaisir. Et puis, la panthère aimait beaucoup jouer, toujours prête à une partie de saute-mouton ou de chat perché. Les partenaires ne lui manquaient pas, car elle obligeait à jouer non seulement les animaux, mais aussi bien les parents. Les premières fois, ceux-ci s'exécutaient en ronchonnant. A-t-on idée, disaient-ils, à nos âges ! Qu'est-ce que penserait l'oncle Alfred, s'il nous voyait ? Mais leur mauvaise humeur ne dura pas plus de trois jours et ils prirent tant de plaisir à jouer qu'ils en vinrent à ne plus pouvoir s'en passer. Dès qu'ils avaient un moment de loisir, ils criaient dans la cour : «Qui est-ce qui veut jouer à la courotte malade ?» Otant leurs sabots pour être plus vifs, ils se mettaient à poursuivre la vache ou le cochon, ou la panthère, et on les entendait rire depuis les premières maisons du village. C'est à peine si Delphine et Marinette trouvaient le temps d'apprendre leurs leçons et de faire leurs devoirs. — Venez jouer, disaient les parents, vous ferez vos devoirs une autre fois ! Tous les soirs, après dîner, il y avait dans la cour de grandes parties de barres. Les parents, les petites, la panthère, le canard, et toutes les bêtes de la basse-cour et de l'écurie, étaient divisés en deux camps. Jamais on n'avait tant ri à la ferme. Le cheval, trop vieux pour prendre part au jeu, se contentait d'y assister et ce n'était pas lui qui s'amusait le moins. En cas de dispute, il avait la charge de mettre d'accord les adversaires. (à suivre...)