Portraits n Ablelkrim Zerifi et Zahir Zaikh cumulent tous deux 30 ans d'expérience dans le domaine des textiles. Ils ont assisté au développement des unités de production de l'époque et ils restent fidèles à ce secteur qui employait, jadis, plus de 500 000 personnes. Aujourd'hui, Zerifi occupe le poste de directeur général de la maison de prêt-à-porter de Bordj El-Kiffan et Zaikh le seconde à la commerciale. L'allure simple qui reflète sa bonhomie, le DG nous parle des vicissitudes du temps présent. «Le drame, c'est qu'on perd le métier, la relève n'existe pas», assure-t-il en évoquant le parcours de son entreprise qui appartenait à l'ex-Sonitex. C'est l'une des plus anciennes d'ailleurs en matière de confection totalisant actuellement près de 183 employés. «Je défends le secteur public, car j'ai grandi dans son univers», martèle-t-il. L'entreprise qu'il dirige semble bien marcher eu égard aux commandes fermes qu'elle reçoit des institutions publiques (ministère de la défense, la justice, douane…). Le directeur commercial le confirme d'ailleurs, mais rien ne saurait être comme auparavant. «A l'époque, on vendait bien et le pouvoir d'achat nous aidait dans le commerce de nos produits». Les années soixante-dix sont chargées de souvenirs d'un nationalisme qui défendait la croûte des milliers de travailleurs. «Aujourd'hui, des centaines de travailleurs se retrouvent dans la rue, avec de graves conséquences sur le plan social», poursuit le directeur commercial avec une pointe de regret sur un secteur qui risque de disparaître définitivement si les pouvoirs publics ne tentent pas de réanimer. La maison de prêt-à-porter survit grâce à la ténacité de son ancienne équipe, dont on n'a pas pu recueillir les impressions pour raison de congé. Toutefois, les deux responsables estiment important de se battre contre certains commerçants de l'informel qui pullulent un peu partout. «La dévaluation du dinar a été fatale pour le produit national, car par le passé, tout algérien pouvait se permettre d'acheter un costume», renchérit le directeur général. «A chaque fois que l'on consomme des produits étrangers, c'est la menace sur les emplois qui est brandie.» Pas question de se laisser faire pour les cadres et travailleurs de cette unité qui activent depuis l'indépendance pour faire durer le noble textile made in Algéria.