L'industrie textile-confection en Algérie aurait besoin de 120 milliards de dinars d'investissements cumulés d'ici à 2010. L'Algérie sauvera-t-elle son industrie du textile? L'investissement dans ce secteur donnera certainement un nouveau souffle à la production locale. Dans ce cadre, des opérateurs émiratis ont manifesté un grand intérêt à investir dans ce domaine. C'est ce qui ressort de la réunion qui a regroupé, jeudi, le ministre de l'Industrie, M.Mahmoud Khoudri, et une délégation d'hommes d'affaires des Emirats arabes unis. Le secteur du textile, d'une capacité de consommation de plus en plus importante, est actuellement envahi par les Chinois. Le textile chinois a tué en quelque sorte l'industrie algérienne dans ce domaine. Des tee-shirts à 500 dinars, des pulls à 100 dinars, des baskets à 700 dinars, des ensembles pour enfants entre 700 et 800 dinars..., les produits «made in China», très prisés, largement moins chers que la production locale, envahissent le marché algérien. C'est le secteur public qui est le plus affecté. On estime à plus de 50% les unités de confection fermées. Sa part de marché du textile, par rapport au secteur privé, est passée de 64 à 16% entre 1999 et 2001. L'indice de la production du secteur public s'est effondré, passant globalement de 100 à 28,5% pour la même période. Le secteur privé, même s'il a résisté durant les premières années, a vu sa production reculer de 35%. Il compte aujourd'hui une centaine d'entreprises contre plus de 1900 avant 1993. C'est essentiellement dans la confection-bonneterie pour le marché national que le secteur a consacré son développement. En raison de la concurrence induite par les importations massives de produits contrefaits et de friperie, la production de la confection-bonneterie a été divisée par 2,5 depuis 1990. Le secteur des textiles a perdu quelque 67% de ses effectifs employés depuis 1990, consécutivement aux différentes opérations de restructuration des industries publiques et la fermeture et reconversion des usines privées. La part de la production textile sans la production industrielle totale, a régressé de 8,7% à 4,8% entre les années 1990 à 2001. L'endettement du secteur public s'élève à plus de 15 milliards de dinars. Le défaut de réalisation des projets d'investissement a mis l'industrie textile algérienne en situation de grande dépendance vis-à-vis des fournisseurs extérieurs. Au deuxième semestre 2003, le ministère de l'Industrie recevait le rapport d'une étude consacrée au diagnostic des filières algériennes dans leur ensemble dont le textile. Malgré un constat peu reluisant, l'étude du bureau Booz Allen and Hamilton dégageait des pistes susceptibles d'être explorées pour que le textile algérien file du bon coton. La condition est simple: consentir les investissements nécessaires dans les plus brefs délais. «L'industrie textile-confection en Algérie aurait besoin de 1,5 milliard d'euros (120 milliards de DA) d'investissements cumulés d'ici à 2010 et pourrait ainsi créer au moins 42.000 nouveaux emplois sans compter la préservation des 45.000 postes actuels», conclut le rapport.