Résumé de la 105e partie n Arrivée chez elle, Rush n'avait qu'une chose en tête, comment se débarrasser du poignard ? A dix heures, elle téléphona à Seamus et lui répéta ce qu'il devait dire au cas où on l'interrogerait. Elle ne pouvait tarder plus longtemps. Il lui fallait décider quoi faire du poignard. Elle le sortit de son sac, le passa sous l'eau chaude et le frotte avec du produit pour astiquer les cuivres. Mais elle eut beau faire, il lui sembla qu'il restait poisseux - poisseux du sang d'Ethel. Elle était loin d'éprouver le moindre élan de pitié pour Ethel. Tout ce qui comptait, c'était de préserver un avenir sans tache pour les filles. Elle contempla le poignard avec répugnance. Il avait l'air flambant neuf à présent. C'était un de ces instruments indiens, avec une lame coupante comme un rasoir, un manche ornementé, d'un motif compliqué rouge et or. Probablement coûteux. Neuf. Bien sûr. C'était si simple. Si facile. Elle savait exactement où le cacher. A midi, Ruth se dirigea vers Prahm and Singh, un magasin d'articles indiens dans la Sixième Avenue. Elle traîna d'un rayon à l'autre, s'arrêtant devant les comptoirs, examinant longuement les paniers remplis de babioles diverses. Finalement, elle trouva ce qu'elle cherchait, une corbeille pleine de coupe-papier. Les manches étaient des copies bon marché du modèle ancien d'Ethel. Elle en prit négligemment un. Autant qu'elle pouvait en juger, c'était une grossière réplique de celui qu'elle avait dans son sac. Elle sortit du sac le poignard qui avait tué Ethel, le laissa choir dans la corbeille, puis remua jusqu'à ce que l'arme disparaisse au fond. «Puis-je vous-aider ?» demanda un vendeur. Surprise, Ruth leva les yeux. «Euh... oui. Je voulais juste... j'aurais aimé voir des dessous-de-verre. — Ils se trouvent dans l'allée numéro trois. Je vais vous les montrer.» A treize heures, Ruth était de retour chez elle, se préparait une tasse de thé, attendant que son cœur cesse de tambouriner dans sa poitrine. Personne ne le trouverait là, se rassura-t-elle. Jamais, jamais... Après le départ de Neeve pour sa boutique, Myles prit une seconde tasse de café et réfléchit au fait que Jack Campbell allait les accompagner dans le Rockland. Instinctivement, Jack lui plaisait énormément et il devait pourtant admettre avec une certaine ironie qu'il n'avait cessé de prévenir Neeve contre le mythe du coup de foudre. Mon Dieu, pensa-t-il, est-il possible que la foudre frappe deux fois ? A dix heures moins le quart, il s'installa dans son confortable fauteuil de cuir et regarda les caméras de télévision suivre les funérailles solennelles de Nicky Sepetti. Des voitures fleuries, trois d'entre elles débordant de somptueuses couronnes précédaient le fourgon mortuaire jusqu'à St. Camilla. Un convoi de limousines de location conduisait les amis en deuil et ceux qui faisaient semblant de l'être. Myles savait que le F. B. I. et le bureau du procureur, ainsi que la brigade criminelle de la police départementale étaient présents, relevant les plaques minéralogiques des voitures privées, photographiant les visages des assistants qui pénétraient en file dans l'église. (à suivre...)