Résumé de la 104e partie n Ruth va voir Douglas Brown pour lui dire : je veux récupérer la lettre que Seamus a destinée à Ethel pour la remplacer par une autre. Pourquoi devrais-je vous obéir ? — Il y a un an, Seamus a demandé à Ethel à qui elle comptait léguer tout son argent, voilà pourquoi. Elle lui a répondu qu'elle n'avait pas grand choix — vous étiez son seul parent. Mais le week-end dernier, Ethel a dit à mon mari que vous la voliez et qu'elle avait l'intention de changer son testament.» Ruth vit Douglas devenir blanc comme la craie. «Vous mentez. — Vraiment ? demanda Ruth. Donnant-donnant. Vous laissez une chance à Seamus. Nous la fermons sur vos petits larcins, et vous la fermez à propos de la lettre.» Douglas se sentit malgré lui saisi d'admiration pour la femme déterminée qui se tenait devant lui, avec son sac serré sous son bras, son manteau de toute saison, ses chaussures pratiques, ses lunettes sans monture qui agrandissaient ses yeux bleu clair, sa bouche mince et droite. Elle ne bluffait pas. Il leva les yeux vers le plafond. «Vous semblez oublier que la pipelette du dessus raconte à qui veut l'entendre que Seamus et Ethel ont eu une dispute à tout casser la veille du jour où elle ne s'est pas rendue à ses rendez-vous. — J'ai parlé à cette femme. Elle est incapable de citer un seul mot. Elle affirme seulement qu'elle a entendu des voix crier. Seamus parle très fort naturellement. Ethel hurle dès qu'elle ouvre la bouche. — Vous paraissez avoir pensé à tout, lui dit Doug. Je vais chercher la lettre.» Il disparut dans la chambre. Ruth se dirigea sans bruit vers le bureau. Outre la pile de courrier, elle aperçut le bord du poignard à manche rouge et or que Seamus lui avait décrit. En un instant il fut dans son sac. Etait-ce son imagination qui la porta à le trouver poisseux ? Lorsque Douglas Brown sortit de la chambre, la lettre de Seamus à la main, Ruth y jeta un bref coup d'œil et la fourra dans la poche de côté de son sac. Avant de partir, elle lui tendit la main. «Je suis désolée de la mort de votre tante, monsieur Brown, dit-elle. Seamus m'a demandé de vous transmettre ses condoléances. Malgré leurs problèmes, il fut un temps où ils s'aimèrent et furent heureux ensemble. C'est l'époque dont il gardera le souvenir. — En d'autres termes, dit froidement Douglas, lorsque la police posera des questions, ce sera la raison officielle de votre visite. — Exactement, dit Ruth. La raison non officielle est que si vous respectez votre marché, ni moi ni Seamus ne révélerons à la police que votre tante avait l'intention de vous déshériter.» Ruth rentra chez elle, et se mit à nettoyer l'appartement avec une ardeur presque religieuse. Elle frotta les murs, décrocha les rideaux et les mit à tremper dans la baignoire, passa le vieil aspirateur gémissant sur la moquette élimée. Tout en s'activant, elle n'avait qu'une chose en tête : comment se débarrasser du poignard ? Elle élimina tous les endroits qui lui venaient naturellement à l'esprit. L'incinérateur ? Supposons que la police fouille dans les ordures de l'immeuble. Elle ne voulait pas non plus le jeter dans une poubelle dans la rue. Si elle était suivie par la police, ils pourraient le récupérer. (à suivre...)