InfoSoir : Les pharmaciens privés déplorent certaines lois régissant la profession. Quelles sont ces lois et en quoi sont-elles contraignantes ? Souad Hamrour : Parmi ces lois figure celle qui oblige le pharmacien à demeurer dans son officine durant les heures de travail. Ce qui peut causer de nombreux préjudices aux pharmaciens qui doivent effectuer des déplacements entre la Cnas, les banques, les distributeurs de médicaments et leurs officines. Le syndicat déplore, également, la nouvelle mesure instaurée par le ministère de la Santé qui a confié le contrôle des pharmacies privées à certains spécialistes, dont des vétérinaires en dehors des professionnels, ce qui entrave l'opération. Outre l'interdiction aux pharmaciens d'utiliser la balance électronique et le tensiomètre. Il existerait sur le marché national certains médicaments sans aucune valeur thérapeutique, selon le ministre de la Santé. Un commentaire ? Cette problématique doit faire l'objet d'un colloque qui regroupera tous les professionnels de la santé. Le ministre n'a, néanmoins, pas tout à fait raison, il n'a pas non plus tort. Un médicament doit, obligatoirement, répondre à deux éléments, à savoir l'efficacité et la sécurité, autrement dit la bio-équivalence. Ce type de contrôle qui se pratique directement sur le malade est, cependant, très coûteux c'est pourquoi il est rarement pratiqué par les services de contrôle. Le Snapo suggère, à ce propos, que la bioéquivalence soit appliquée au moins pour les produits à marge thérapeutique étroite. L'ouverture du marché suppose une grande compétitivité, notre production pharmaceutique est-elle à même de résister à ce nouvel environnement ? L'industrie pharmaceutique algérienne a besoin d'un soutien et de conditions optimales pour pouvoir résister aux grands laboratoires étrangers. De toute évidence, sans volonté politique pour la promotion de cette industrie naissante, son avenir reste compromis.Ce secteur a besoin de laboratoires de recherche et d'un partenariat réel avec les laboratoires avancés dans ce domaine. * Ex-professeur de toxicologie et présidente du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officines.