Le gel du texte instituant l'obligation d'avoir recours au chèque pour toute transaction égale ou supérieure à 50 000 dinars ne facilite guère la tâche des services en charge de la lutte contre le blanchiment d'argent. Les spécialistes estiment que le retour à ce texte est inévitable. Le gel par le gouvernement du texte de loi instituant l'obligation d'effectuer toute transaction supérieure à 50 000 dinars par le biais d'un chèque bancaire constitue un frein à la lutte contre le blanchiment d'argent. C'est, en substance ce qui ressort des propos tenus ce matin par le président de la Cellule de traitement du renseignement financier (Ctrs), Abdelmadjid Amghar, qui s'exprimait sur les ondes de la Chaîne III. «Tous les mouvements qui dépassent une certaine somme sont déclarés à la Ctrs même si la traçabilité n'est pas de mise à partir du moment où le texte qui prévoit que toutes les transactions commerciales devaient se faire par des moyens de payement bancaires est gelé», constate-t-il avant de reconnaître que «cette situation nous donne un peu plus de travail. Si ce texte était en application, la Ctrs ne développerait pas plus d'efforts». L'orateur rassure, toutefois, en affirmant que ses services ont recours à d'autres procédés, qu'il n'a pas souhaité divulguer, pour mener à bien leur mission. Tout en se disant convaincu que «nous serons obligés un jour ou l'autre de déterrer le texte», l'orateur a tenté d'expliquer les motifs de la décision de gel prise par les pouvoirs publics. «Il y a un certain nombre de considérations objectives qui ont fait que le texte n'est pas appliqué», dira-t-il, citant, entre autres, la désorganisation qui caractérise le marché et la non-bancarisation d'un certain nombre de secteurs. «Pour appliquer un tel texte, il faut d'abord organiser le marché» et faire en sorte que tous les opérateurs «ouvrent des comptes bancaires pour pouvoir les obliger à effectuer leurs transactions par des chèques bancaires», argumentera-t-il. Les mécanismes mis en place pour la lutte contre ce phénomène transnational sont-ils pour autant fiables ? Le président de la Ctrs répond par l'affirmative en rappelant tout l'arsenal législatif adopté dont la loi sur la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, le règlement de la banque d'Algérie, la loi portant lutte contre la corruption et la création en 2002 de la Ctrs. Seulement, prévient-t-il, «il faut laisser le temps à cet organe de prendre son essor pour répondre aux préoccupations de l'Algérie dans le domaine». D'autant plus que le phénomène est aujourd'hui une réalité dans notre pays et ses liens avec le financement du terrorisme sont avérés. Ce qui n'empêche pas l'invité de la radio de reconnaître qu'en dépit de tous les efforts consentis, les criminels maintiennent toujours une longueur d'avance.»Au fur et à mesure que nous trouvons des remèdes, les criminels trouvent d'autres procédés», regrette-t-il, ajoutant : «Nous ne crions pas victoire, nous voyons les expériences des autres pays, nous nous enrichissons de leurs expériences d'autant que c'est lié au terrorisme.» Enfin, et parmi les opérations de blanchiment avérées dans notre pays, M. Amghar cite l'affaire du Fond algéro-koweitien d'investissent (Faki) qui a donné lieu à des poursuites judiciaires et des condamnations et d'autres affaires en cours qu'il n'a pas souhaité dévoiler.