Débat n Le roman raconte l'histoire de deux adolescents qui ont grandi dans l'Algérie post-indépendante. Maïssa bey était, mardi, l'invité de «Un auteur, un livre», un rendez-vous littéraire initié par le centre culturel français d'Alger. Lors de cette rencontre, Maïssa Bey, écrivain, a parlé de son dernier livre, Bleu, blanc, vert, paru, en Algérie, aux éditions Barzakh. «Il est question, dans ce livre, de deux personnages, qui, au fil des pages, donc du récit, évoluent graduellement dans une Algérie post-indépendante», a-t-elle expliqué. Et d'ajouter : «C'est un roman qui est subdivisé en trois chapitre.» Ainsi, le roman, jalonné des repères historiques, raconte une Algérie qui s'étale sur trois décennies, allant de 1962 à 1992. «Le roman s'ouvre, a-t-elle précisé, sur une rupture historique (l'indépendance de l'Algérie), et se termine sur une autre rupture historique», à savoir, l'avènement de la tragédie nationale. Le roman développe une écriture tournée en arrière, une écriture de résurgences historiques, il y a quelque part, et en filigrane, de la nostalgie, toutefois, cette nostalgie n'est présente, non pas pour regretter une vie passée, mais pour interpeller ce passé et l'interroger. Elle revisite des espaces et revit à travers l'imaginaire littéraire des situations. «J'interroge le passé mais je n'apporte pas de réponses», a-t-elle indiqué. Cela revient à comprendre que c'est au lecteur d'en tirer des réponses. Il y a là, une invitation au lecteur à décrypter le texte. Ainsi, Maïssa Bey, en écrivant, a recourt au passé, un passé récent. Elle raconte l'histoire contemporaine de l'Algérie, mais elle apporte, çà et là, des subtilités et des caractères pour conférer à son récit, plus de dimension littéraire. Par ailleurs, Maïssa Bey a précisé que son roman n'est pas le résultat d'un travail semblable à celui d'un chroniqueur : «Je ne fais pas un travail de témoignage ni de recherche historique, mais je dis l'individu à travers l'histoire, il y a seulement un désir de raconter une histoire, certes une fiction, mais qui s'est produite réellement», a-t-elle expliqué, avant de poursuivre qu'«autour duquel (l'individu), l'histoire est racontée — est pris dans l'histoire, dans la collectivité», a-t-elle précisé. Bleu, blanc, vert, raconte l'histoire de deux adolescents, une fille (Lila) et un garçon (Ali), qui, habitant le même immeuble et fréquentant la même école, ont grandi dans l'Algérie post-indépendante, des premières heures de l'indépendance, recouvrée, aux années de sang et du terrorisme. Le roman retrace le parcours d'une génération, il raconte ses pulsions, ses euphories, sa liesse, son enthousiasme, ses émotions, ses rêves et ses espoirs, mais aussi, ses souffrances et ses désillusions, ses pertes et ses regrets. «Maïssa Bey, dit Rachid Mokhatri, critique littéraire, restitue l'ambiance (ou l'expérience) de sa propre enfance, vécue dans cet immeuble à travers lequel, elle (re) construit l'Histoire de son pays, mêlant référents historiques et anecdotes, alternant deux voix (celle d'Ali et de Lila) en maturation, se muant à travers les évolutions et les régressions de l'Algérie post-1960…» Sur ce, l'auteur termine en précisant que : «Les évènements historiques qui y sont relatés sont bel et bien réels. Beaucoup d'anecdotes le sont également. Mais il ne s'agit pas de ma vie…»