Interrogé au sujet de cette journée internationale, Sid-Ali Sekhri, libraire à Millefeuilles, a dit que «pour un libraire, la journée du livre c'est tous les jours», estimant, par ailleurs, qu'«un pareil événement est nécessaire afin de rappeler la réalité du livre et de la profession, pour que les pouvoirs publics se penchent sur la question». Le libraire a d'autre part insisté sur le désengagement des instances concernées et a souligné les efforts des initiatives indépendantes. «On parle de tout, notamment de chiffres et de quantité, sauf du problème du livre. Je suis donc arrivé à la conclusion : agir seul.» Certains acteurs de la profession ont préféré en effet agir seuls (sans attendre les pouvoirs publics), et cela à travers de petites actions. Et de dire : «Il y a un déficit de plus en plus marquant en ouvrages. La production locale ne suffit pas, et beaucoup d'importateurs ont cessé leur activité en raison de la loi qui exige que pour pouvoir exercer l'activité d'importateur, quel que soit le domaine, y compris celui du livre, il faut avoir 2 milliards de centimes comme capital social, et rares sont ceux qui ont pu survivre à cette législation.» Sid-Ali Sekhri a, en outre, critiqué cette loi la qualifiant d'inéquitable. «Cette loi a créé un monopole : donc l'offre est réduite, et il y a très peu de choix. Les importateurs ramènent seulement ce qui leur semble (financièrement) rentable.» De son côté, Bousaâd Ouadi, libraire à la librairie des Beaux-arts, a dit, à l'occasion de cette journée que «nous, les libraires, on est dans le livre tous les jours ; elle n'a pas, pour nous, de signification, par contre, c'est pour les autres qu'on s'inquiète car elle ne représente rien pour eux.» Et d'enchaîner aussitôt : «Il n'y a pas d'attention accordée au livre. Je ne vois pas de progrès, il y a une dégradation pendant plusieurs années. L'année dernière, il y a eu plus de libraires, plus d'importateurs, cette année il y en a moins.» Bousaâd Ouadi a indiqué, d'une part, que «d'une année sur l'autre, on enregistre une détérioration de la production, de la commercialisation et de la diffusion», et, d'autre part, que «chaque année, on nous annonce une nouvelle loi, en nous promettant des solutions, mais on ne voit rien venir.»