Résumé de la 5e partie n Le fermier ne sait quoi faire pour se débarrasser du jeune géant qui constitue une menace pour lui. Toutes les astuces, auxquelles il a recours avec ses valets pour le tuer, s'avérèrent vaines. Vers onze heures du soir, il entra dans le bureau du meunier et s'assit sur le banc. Mais au bout d'un instant, la porte s'ouvrit d'elle-même, et il vit entrer une grande table, sur laquelle se posèrent tout seuls des plats et des bouteilles remplis d'excellentes choses, sans qu'il parût personne pour les apporter. Les tabourets se rangèrent aussi autour de la table, toujours sans que personne apparût ; mais à la fin le jeune homme vit des doigts, sans rien de plus, qui chargeaient les assiettes et s'escrimaient dessus avec les fourchettes et les couteaux. Comme il avait faim et que les plats fumaient, il se mit aussi à table et mangea à son appétit. Quand il eut fini de souper et que les plats vides annoncèrent que les invisibles avaient fini également, il entendit distinctement qu'on soufflait les lumières, et elles s'éteignirent toutes à la fois ; alors, dans l'obscurité, il sentit sur sa joue quelque chose comme un soufflet. «Si l'on recommence, dit-il tout haut, je m'y mets aussi.» Il en reçut cependant un second, et alors il riposta. Les soufflets donnés et rendus continuèrent toute la nuit, et le jeune géant ne s'épargna pas à ce jeu. Au point du jour tout cessa. Le meunier arriva et s'étonna de le trouver encore en vie. «Je me suis régalé, lui dit le géant ; j'ai reçu des soufflets, mais je les ai bien rendus.» Le meunier était plein de joie, car son moulin était délivré ; il voulait donner au géant beaucoup d'argent pour le remercier. «De l'argent ! dit celui-ci, je n'en veux pas ; j'en ai plus qu'il ne m'en faut.» Et, prenant ses sacs de farine sur son dos, il retourna à la ferme et déclara au fermier que sa commission était finie et qu'il voulait ses gages. Le fermier était bien effrayé ; il ne pouvait tenir en place, il allait et venait dans la chambre et les gouttes de sueur lui tombaient du front. Pour respirer un peu, il ouvrit la fenêtre ; mais, avant qu'il eût le temps de se méfier, le maître valet lui donna un coup qui le renvoya par la fenêtre dans les airs, où il monta toujours jusqu'à ce qu'on le perdît de vue. Alors le maître valet dit à la fermière : «A votre tour, le second coup sera pour vous.— Non, non, s'écria-t-elle, on ne frappe pas les femmes !» Et elle ouvrit l'autre fenêtre, car la sueur lui coulait aussi du front ; mais le coup qu'elle reçut l'envoya dans les airs encore plus haut que son mari, parce qu'elle était plus légère. Son mari lui criait : «Viens avec moi» et elle lui répondait : «Viens avec moi, toi ; je ne peux pas y aller, moi.» Et ils continuèrent à flotter dans l'air sans parvenir à se rejoindre ; et peut-être y flottent-ils encore. Quant au jeune géant, il prit sa barre de fer et se remit en route.