Résumé de la 6e partie n La vieille réussit enfin à faire sortir Belle-Heureuse de chez elle, en l?absence de son mari. Elle fait croire à la femme de Printemps qu?elle emmène la jeune femme pour un pèlerinage. A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Mais lorsque fut la deux cent quarante et unième nuit, elle dit : ... Le gouverneur, qui se rendit aussitôt au pavillon, resta interdit au seuil, tant il avait été ébloui par cette beauté. Lorsque Belle-Heureuse vit entrer cet homme étranger, elle se hâta de se voiler le visage et, soudain, elle éclata en sanglots et chercha des yeux une issue pour s'enfuir, mais en vain. Alors, comme la vieille ne reparaissait point, Belle-Heureuse ne douta plus de la trahison de la maudite et se remémora certaines paroles que le bon portier lui avait dites au sujet des yeux pleins d'artifices de cette sainte. Quant au gouverneur, une fois assuré que Belle-Heureuse était celle-là même qu'il voyait devant lui, il ressortit en fermant la porte, et alla donner quelques ordres rapides ; il écrivit une lettre au khalife Abd El-Malek Ben Merouân, et confia la lettre et l'adolescente au chef de ses gardes en lui ordonnant de se mettre immédiatement en route pour Damas. Alors le chef des gardes emmena de force Belle-Heureuse, la plaça sur un dromadaire rapide, se mit lui-même devant elle et, suivi de quelques esclaves, il partit en toute hâte vers Damas. Quant à Belle-Heureuse, durant toute la route, elle se cacha la tête dans son voile et sanglota en silence, indifférente aux arrêts, aux secousses, aux haltes et aux départs. Et le chef des gardes ne put tirer d'elle un mot ni un signe, et cela jusqu'à l'arrivée à Damas. Aussi, sans tarder, il se dirigea vers le palais de l'émir des croyants, remit l'esclave et la lettre au chef des chambellans, prit la réponse d'agrément et s'en retourna à Koufa comme il était venu. Le lendemain, le khalife entra dans le harem et apprit à son épouse et à sa s?ur l'arrivée de la nouvelle esclave, en leur disant : «Le gouverneur de Koufa vient de m'envoyer en cadeau une jeune esclave ; et il m'écrit pour me dire que cette esclave, achetée par lui, est une fille de roi enlevée dans son pays par les marchands d'esclaves.» Et son épouse lui répondit : «Qu'Allah augmente ta joie et ses bienfaits !» Et la s?ur du khalife demanda : «Comment s'appelle-t-elle ? Est-elle brune ou blanche ?» Le khalife répondit : «Je ne l'ai pas encore vue.» Alors la s?ur du khalife, dont le nom était Sett Zahia, s'informa de l'appartement où était l'adolescente et alla aussitôt la voir. Elle la trouva courbée en deux, le visage brûlé par le soleil et tout en larmes ; elle était presque sans connaissance. A cette vue, Sett Zahia, dont le c?ur était tendre, fut prise de compassion et s'approcha de l'adolescente et lui demanda : «Pourquoi pleures-tu, ma s?ur ? Ne sais-tu qu'ici tu es désormais en sûreté, et que la vie te sera légère et sans soucis ? Où peux-tu mieux tomber que dans le palais de l'émir des croyants ?» A ces paroles, la fille de Prospérité leva des yeux surpris et demanda : «Mais, ô ma maîtresse, en quelle ville suis-je donc, puisque c'est ici le palais de l'émir des croyants ?» Sett Zahia répondit : «Dans la ville de Damas. Comment, tu ne le savais donc pas ? Et le marchand qui t'a vendue ne t'a-t-il pas avisée que c'était pour le compte du khalife Abd El-Malek Ben Merouân ? Mais oui, ma s?ur, tu es ici désormais la propriété de l'émir des croyants dont je suis la s?ur. Sèche donc tes larmes et dis-moi ton nom.» A ces paroles, la jeune femme ne put plus retenir les sanglots qui l'étouffaient, et murmura : «O ma maîtresse, dans mon pays on m'appelait Belle-Heureuse !» Comme elle achevait ces mots, le khalife entra. Il s'avança vers Belle-Heureuse en souriant avec bonté, s'assit à côté d'elle et lui dit : «Lève le voile de ton visage, ô jeune fille !» (à suivre...)