Résumé de la 133e partie n Au fil des jours, de nouvelles donnes sur l'assassinat, font surface, Neeve, confuse, semble redécouvrir la face cachée de son entourage. Le journal de vingt-deux heures abondait en informations récentes sur Ethel. On avait fait un rapide montage des évènements qui avaient jalonné sa vie. Les médias étaient à court de nouvelles à sensation, et Ethel tombait à pic. L'émission approchait de la fin quand le téléphone sonna. C'était Kitty Conway. Sa voix claire, presque musicale, semblait un peu précipitée : «Neeve, je m'excuse de vous déranger, mais je viens juste de rentrer chez moi. En accrochant mon manteau, je me suis aperçue que votre père avait oublié son chapeau à la maison. Je dois me rendre en ville demain en fin d'après-midi, peut-être pourrais-je le déposer quelque part ?» Neeve resta interdite. «Attendez une minute. Je vais le chercher.» Tout en tendant l'appareil à Myles, elle murmura : «Tu n'oublies jamais rien. Qu'est-ce que tu mijotes ? — Oh, c'est cette charmante Kitty Conway.» Myles paraissait enchanté. «Je me demandais si elle finirait par trouver ce maudit chapeau.» Quand il eut raccroché, il se tourna vers Neeve d'un air penaud : «Elle passera demain vers dix-huit heures. Puis je l'emmènerai dîner. Tu veux venir ? — Sûrement pas. A moins que tu n'aies besoin d'un chaperon. De toute façon, je dois me rendre Septième Avenue.» Sur le pas de la porte, Jack demanda : «Dites-moi franchement si je m'impose. Sinon, voulez-vous dîner avec moi demain soir ? — Vous savez très bien que vous n'êtes pas importun. Je dînerai volontiers avec vous si vous voulez bien attendre que je vous téléphone. J'ignore à quelle heure exactement je serai libre. Je fais généralement un dernier arrêt chez Oncle Sal ; je vous téléphonerai de chez lui. — C'est parfait pour moi. Neeve, encore une chose. Faites attention. Vous êtes un témoin important dans la mort d'Ethel Lambston, et la vue de ces gens, Seamus Lambston et sa femme, m'a mis mal à l'aise. Neeve, ils sont désespérés. Coupables ou innocents, ils veulent qu'on arrête l'enquête. Leur désir de se confier à votre père est peut-être spontané, mais il peut aussi être calculé. Le fait est que les meurtriers n'hésitent jamais à tuer une seconde fois si quelqu'un se met en travers de leur chemin.» Lundi étant le jour de congé de Denny, son absence ne paraîtrait pas suspecte, mais il voulait aussi pouvoir prétendre qu'il avait passé la journée au lit. «Je crois que j'ai attrapé la grippe», marmonna-t-il dans le hall de son immeuble à l'intention du portier indifférent. Hier, le Grand Charley l'avait appelé au téléphone dans le même hall. «Débarrasse-toi d'elle au plus vite ou nous trouvons quelqu'un d'autre de plus capable.» Denny savait ce que cela signifiait. On ne le laisserait pas en circulation, de peur de le voir utiliser ce qu'il savait pour obtenir la demande de la justice. Par ailleurs, il voulait le reste du fric. Il suivit soigneusement le plan qu'il avait mis au point. Il se rendit à la pharmacie du coin et, toussant comme un malheureux, demanda au pharmacien de lui conseiller un médicament sans ordonnance. De retour chez lui, il alla intentionnellement bavarder avec la vieille idiote qui habitait deux portes plus loin et s'évertuait à se lier d'amitié avec lui. Cinq minutes plus tard, il quittait sa chambre avec un gobelet cabossé rempli d'une tisane nauséabonde. (à suivre...)