Aveu n A deux pas de la succursale de la Banque du développement local (BDL), c'est le petit marché de l'or d'Alger-centre qui nous accueille et nous révèle le fin fond de ce juteux commerce. Celui-ci à l'instar des autres marchés informels de l'or est, visiblement, vidé des revendeurs de ce métal précieux, traqués par la police. Ils ne sont qu'une poignée de jeunes et quelques vieilles femmes à revenir régulièrement en ce lieu. Discrets, ils vous interpellent prudemment : «Vous avez quelque chose à vendre.» «Si vous voulez acheter, on vous fera un bon prix», nous apostrophe un revendeur, exhibant une chaîne, «tenez regardez, j'ai aussi d'autres modèles si celle-ci ne vous plaît pas. On peut vous faire un arrangement aussi», insiste-t-il. Ici on peut vendre de l'or cassé ou des anciens modèles de bijoux hérités de génération en génération, mais qui ne sont plus de tendance. La marchandise est souvent dissimulée sous d'amples djellabas, des vestes ou des sacs en plastique. Quelques échantillons sont, toutefois brandis, histoire d'attirer de probables chalands. Tout ce petit monde discute de tout et de rien en attendant les clients. Certains sont de simples aventuriers qui ont, eux aussi, voulu tenter leur chance dans ce circuit du commerce de l'or à l'image de Zohra, une veuve quinquagénaire et mère de six enfants, dont l'aîné a 16 ans. Nouvelle dans ce métier, elle commence à peine à en connaître les rouages, assure-t-elle. «A mes débuts, je servais d'intermédiaire entre le client et le revendeur. Je touchais une commission de 150 dinars à 200 dinars pour chaque opération.» Après deux ans d'expérience Zohra s'est bien introduite dans ce milieu et commence à travailler pour son propre compte. «Je viens chaque matin m'installer devant cette banque en attendant les clients qui, à l'origine, viennent pour gager leur or. Mais au bout de quelques minutes de négociation, on finit parfois par conclure de bonnes affaires avec eux», confie t-elle. «Mais ce n'est pas toujours le cas. Aujourd'hui, j'ai vendu une paire de boucles de 3 g à 3 300 dinars à raison de 1 000 dinars par gramme. Mon bénéfice se résume, donc, à cet excèdent». A la fin de la journée, notre revendeuse rentre souvent chez elle abandonnant le rêve de pouvoir s'enrichir un jour avec cette activité. Le problème actuellement, explique-t-elle, c'est tous ces jeunes qui, depuis quelques années, ont envahi ce milieu. «On trouve parmi eux des drogués et des repris de justice qui, pour un simple différend, peuvent vous agresser et vous dépouiller de toute votre marchandise».