Près de 10 % de la population algérienne vivent dans des habitations précaires et les solutions apportées ne semblent pas être à la mesure des proportions prises par le phénomène. A partir de Annaba où il se trouve en visite de travail, le président de la République s'est élevé contre cet état de fait. «Je veux une solution définitive», a-t-il martelé. Occulté par les candidats aux législatives durant la campagne électorale, le dossier de l'habitat précaire revient au-devant de la scène à la faveur de la visite qu'effectue le président de la République dans la wilaya de Annaba. En procédant, hier, dans la localité de Sidi Salem à l'inauguration de 298 logements sociaux locatifs, destinés justement à loger des locataires de bidonvilles, l'occasion a été donnée à Abdelaziz Bouteflika de s'élever contre la propagation du phénomène et surtout contre la timidité des remèdes adoptés. Le Chef de l'Etat a particulièrement insisté sur la nécessité de trouver une solution globale et définitive au problème de l'habitat précaire qui défigure sensiblement l'image de nos villes. «Cette opération d'éradication partielle ne me plaît pas. Nous sommes contre les solutions partielles apportées à ce phénomène, il faut une solution globale et définitive», a-t-il martelé ajoutant qu'il s'agit là d'un «problème qu'il faut prendre très au sérieux aussi bien au plan du recensement des gens que de leur sécurité». Et comme pour faire comprendre aux responsables locaux que l'éradication de l'habitat précaire ne relève pas de l'utopie, il cite l'exemple de la willaya de Sétif qu'il considère comme une «réussite» dans le domaine. Dans la foulée, Bouteflika n'a pas manqué de rappeler le rôle primordial du citoyen dans la lutte contre le phénomène. «Il faut sensibiliser les gens en leur faisant comprendre que l'Etat est prêt à leur trouver une solution, mais uniquement à ceux qui en sont dans le besoin». Le courroux du président de la République n'est pas fortuit. Près de 550 000 bidonvilles sont recensés à l'échelle nationale abritant quelque 3 millions de personnes, soit près du dixième de la population algérienne, selon des chiffres communiqués par le ministre chargé de la Ville, en juillet dernier. Si le phénomène existait déjà durant la période coloniale, il n'en demeure pas moins qu'il s'est accru d'une manière sensible au lendemain de l'Indépendance et pris des proportions alarmantes à la faveur de la décennie de terrorisme vécue par le pays. Outre l'image hideuse qu'ils offrent des centres urbains du pays, les bidonvilles constituent un terreau fertile pour les fléaux sociaux tels le vol, la toxicomanie, la prostitution, les agressions et le terrorisme. C'est dire que la cohésion sociale se trouve grandement menacée par la prolifération des ghettos. Les efforts déployés par l'Etat avec, notamment la promulgation de la loi d'orientation de la ville et la mise en place d'une Carte sociale urbaine (CSU) ne semblent pas donner les résultats escomptés. Le comportement de certains individus véreux y est certainement pour quelque chose. De nombreux citoyens procèdent, en effet, à la vente de leurs logements décents pour s'installer dans des bidonvilles, dans l'optique de bénéficier des «largesses de l'Etat». Un état de fait contre lequel s'était déjà élevé le Président en avril de l'année passée, toujours à partir de l'Est du pays. Au cours d'une visite à Constantine il avait menacé de poursuites pénales toute personne qui procéderait à la construction d'un bidonville en annonçant l'imminence de l'ouverture d'une enquête nationale afin de débusquer les contrevenants qui «font du malheur des autres un fonds de commerce».