L'art de Baya a été, dès le départ, un bouleversement, une révolution. à la défunte Baya, ayant marqué de son empreinte originale l'art algérien, un hommage a été rendu, en présence de M.Khalida Toumi, ministre de la Culture, lors de l'inauguration de l'exposition intitulée «Un appel singulier». Cette manifestation se prolongera jusqu'au 22 juin, au Musée national des beaux-arts, et ce, dans le cadre de «Alger capitale de la culture arabe 2007». «Cette exposition montre le parcours de l'artiste» selon Mme Dalila Mohamed Orfali. «Dans les années 40, l'oeuvre de Baya a apporté un langage plastique nouveau. Elle a toujours embarrassé les critiques d'arts, aussi bien nationaux qu'internationaux», a indiqué Mme Dalila Mohamed, directrice du Musée. Mettant en exergue l'originalité du style de cette artiste qui a bouleversé la vision admise de l'art, le parcours mené par Baya est relativement ardu, mais elle l'a parcouru assidûment en dépit des difficultés auxquelles la plasticienne a été soumise. De son vrai nom, Fatma Haddad, elle est issue de la tribu de Sidi M'hamed. Elle est née le 12 décembre 1931 à Bordj El Kiffan. Après la mort de ses parents, Baya continue à vivre avec sa grand-mère paternelle. Elle a fait la connaissance de Marguerite Caminat, Mireille et Jean de Maisoneul dans la ferme des forges à Fort-de-l'Eau. En 1940, Baya est adoptée par Marguerite. Elle n'a pas connu les bancs de l'école, mais elle a appris, néanmoins, à lire et à écrire le français avec Marguerite Caminat. Baya, qui réalise des modelages en terre cuite, sera encouragée par sa famille adoptive qui lui procurera le matériel nécessaire à la réalisation des gouaches. En 1947, de passage à Alger, Aime Maeght découvre les oeuvres de Baya par le biais du sculpteur Jean Peyrissac et les expose, pour la première fois, au mois de novembre de la même année, dans une galerie d'arts. Durant son séjour à Vallauris, où elle réalise ses céramiques, elle y rencontre Picasso et Braque qui l'ont encouragée. A son retour sur Alger, elle rencontre également Jean Senac, avec lequel elle traduit des «bwaqel» (petits poèmes). Baya épouse le musicien andalou, Hadj Mahfoud, en 1953. Depuis, elle habitait Blida. «Ladite exposition regroupe une centaine d'oeuvres de Baya, dont une bonne partie appartient à la famille de la défunte artiste, tandis que l'autre partie appartient au Musée national des beaux-arts et aux collectionneurs privés», a souligné Mme Orfali. Et d'ajouter: «C'est un événement, car le musée n'a pas abrité d'expositions de Baya depuis 1963. L'art de Baya a été, dès le départ, un bouleversement, même une révolution!» soulignant également que «cette peinture est d'apparence fragile et réelle, elle s'est imposée par un art singulier et une approche très solide de l'art. C'est un événement au regard de l'importance du parcours de l'artiste dont les oeuvres sont une école artistique». Et de conclure: «L'une des préoccupations de mon institution, qui a pour vocation la mise en valeur et la conservation du patrimoine, est de mettre en place les éléments de réflexion et surtout la documentation avec une réactualisation de l'histoire de l'art algérien.»