Résumé de la 3e partie n La deuxième tentative d'assassinat fut un échec. Michel décide de frapper la nuit, il téléphone à son prof d'allemand. Le ton du professeur devient rageur : «Ah ! vraiment, j'avais bien besoin de cela ! Ecoutez, monsieur, je vous remercie, mais je ne peux pas quitter ma femme : on vient la chercher demain matin pour l'emmener à la clinique. Je vais prévenir la police, c'est tout ce que je peux faire pour le moment. Je ferai un saut à Aschersleben dans la journée ! — Vous allez prévenir la police ? — Dame ! C'est pour cela qu'elle existe, non ?» Michel Rodler bafouille quelques paroles et raccroche : une fois de plus, c'est raté. Au printemps, chacun s'accorde à reconnaître que Michel Rodler est un jeune homme courageux : le jour, il suit ses cours à la faculté, et le soir venu, il travaille à la réception d'un hôtel de Hambourg pour son argent de poche. Lorsque ce jeune homme sympathique, intelligent et aimable, tend la clef de leur chambre ou transmet un message, les clients de l'hôtel seraient bien surpris s'ils savaient qu'à ce moment, peut-être, il rumine un plan diabolique, devenu une véritable obsession, une folie secrète et soigneusement dissimulée. Lors d'un séjour à Gottingen, Michel fait en sorte de rencontrer la fille aînée d'Arnault Kurer. Est-ce parce qu'elle est fine, douce, tendre et blonde ? Ou parce qu'elle peut l'aider dans son projet ? Il lui fait une cour assidue, grâce à quoi le voici invité au mois de juillet à passer le week-end dans le chalet au bord du lac. Bien entendu, il a modifié son plan. Celui-là, plus risqué dans son exécution, devrait, s'il réussit, lui assurer l'impunité : comment la police pourrait-elle le soupçonner, lui, sans mobile et devenu un ami de la famille ? Après une longue journée, après la traditionnelle partie de pêche, la partie de ping-pong et de Monopoly, vient, au moment du coucher, l'instant qu'attendait Michel. Le professeur finit et commence ses journées par un tour du lac : le matin en courant, et le soir en fumant un cigare, c'est la tradition. «Je peux vous accompagner, professeur ? — Mais bien sûr, Michel. — Bon, je reviens tout de suite... Je vais chercher mon portefeuille, au retour je passerai au bureau de tabac.» Le professeur s'étonne de le voir sortir de sa chambre avec son blouson. «C'est contre l'humidité, professeur.» En réalité, sous le blouson est dissimulé, une fois de plus, le vieux pistolet, et dans sa tête le plan suivant : lorsqu'ils seront à l'extrémité la plus éloignée du lac, dans la nuit noire, il poussera des hurlements, tirera trois balles dans la poitrine du professeur et une autre sous sa propre épaule, près de l'aisselle, en un point qu'il a soigneusement repéré. A ce moment, les habitants des trois maisons, qui bordent le lac claqueront leurs volets, mais il aura eu le temps de glisser le pistolet et son portefeuille dans un sac de plastique lesté d'une pierre. Le tout est déjà préparé et déposé dans l'herbe de la berge depuis l'après-midi. Il lancera le sac au milieu du lac et racontera une attaque de rôdeurs. Ils cheminent lentement. Le professeur, très calme, monologue. Le jeune homme, le cœur serré, tend l'oreille. Pendant les courts silences d'Arnault Kurer, il lui semble entendre un léger bruit. Qu'est-ce que c'est ? Si seulement l'autre voulait bien s'arrêter de parler ! Plus ils s'approchent de l'extrémité du lac plus le bruit se précise. Dans l'obscurité épaisse humide, quelqu'un, de temps en temps, donne un petit coup de rame... Il aperçoit enfin deux silhouettes, enlacées, dérivant sur une barque noire. Hélas ! quatre fois hélas !... cette quatrième tentative ayant échoué, le si sympathique Michel Rodler va devoir attendre une année de plus pour accomplir son projet, et cette fois sera la bonne. (à suivre...)