Résumé de la 159e partie n Neeve remarque que l'homme au survêtement gris l'a suivi. Elle réalise qu'elle encoure un grand danger. La bouche soudain sèche, elle appuya sur le bouton du douzième étage, puis sur tous les boutons des neuf étages supérieurs. Elle sortit au douzième et s'élança dans le couloir jusqu'aux bureaux de Sal. La porte du showroom était ouverte. Elle entra en courant, referma derrière elle. La pièce était vide. «Sal ! cria-t-elle, au bord de la panique. Oncle Sal !» Il sortit précipitamment de son bureau. «Neeve, que se passe-t-il ? — Sal, je crois que quelqu'un me suit.» Neeve lui agrippa le bras. «Ferme la porte à clé, je t'en prie.» Sal la regarda fixement. «Neeve, en es-tu sûre ? — Oui. Je l'ai vu à trois ou quatre reprises.» Ces yeux sombres enfoncés dans les orbites, ce teint cireux. Neeve sentit la couleur quitter ses joues. «Sal, murmura-t-elle. Je sais qui c'est. Il travaille à la deli du coin. — Pourquoi te suivrait-il ? — Je l'ignore.» Neeve regarda fixement Sal. «A moins que Myles n'ait raison depuis le début. Est-il possible que Nicky Sepetti ait voulu ma mort ?» Sal ouvrit la porte sur le couloir. On entendait le ronronnement de l'ascenseur qui descendait. «Neeve, dit-il, es-tu prête à tenter un coup ?» sachant à quoi s'attendre, Neeve hocha la tête. «Je vais laisser cette porte ouverte. Nous bavarderons, toi et moi. Si quelqu'un est à ta poursuite, il ne faut pas le faire fuir. — Tu veux que je reste dans son champ de vision ? — Exactement. Mets-toi derrière ce mannequin. Je me tiendrai derrière la porte. Si un type entre dans la pièce, je pourrai lui tomber dessus. L'essentiel est de le retenir, de découvrir qui l'envoie.» Ils regardèrent l'indicateur d'étages. L'ascenseur était au rez-de-chaussée. Il commença à monter. Sal courut dans son bureau, ouvrit le tiroir de sa table, sortit un revolver et revint vers Neeve. «J'ai obtenu un permis depuis qu'on m'a cambriolé l'année dernière, chuchota-t-il. Neeve, va te placer derrière ce mannequin.» Comme dans un rêve, Neeve obéit. Bien qu'on eût baissé les lumières dans le showroom, elle distinguait les mannequins dans la pénombre. Ils portaient la nouvelle collection de Sal. Teintes sourdes d'automne, myrtille et bleu nuit, brun-gris et noir. Pochettes, écharpes et ceintures dans les couleurs éclatantes de la célèbre Barrière du Pacifique. Savantes harmonies de corail et d'or, de bleu d'émeraude et d'argent, alliées aux versions réduites des dessins délicats que Sal avait autrefois créés en visitant l'Aquarium. Accessoires et touches personnelles, rappels de son grand classique. Elle regarda attentivement l'écharpe qui lui frôlait le visage. «Ce motif... Maman, est-ce que tu dessines mon portrait ? Maman, ce n'est pas la robe que je porte... Oh, bambola mia, c'est simplement une idée de ce qui serait joli...» (à suivre...)