Portrait Elle s?appelle Nadjette, c?est le nom qu?on lui a donné un certain soir lorsqu?on l?a retrouvée abandonnée dans la rue dans un panier abîmé. Cette enfant née sous «x» ignore tout de ses origines, sa famille et son passé. Tout ce qu?elle ressasse c?est ce rude combat qu?elle mène depuis toujours contre la vie, la société et les temps injustes pour ne pas mourir dans la solitude et l?indifférence. Nadjette a fait ses premiers pas dans une pouponnière, quelques années plus tard, elle est recueillie par une famille adoptive. Durant quelque temps, elle ressent pour la première fois, amour, affection et sourire. Malheureusement sa mère adoptive décède suite à un cancer, son père âgé, ne pouvant la prendre en charge, la place dans un centre d?accueil, où elle vit à ce jour. Dans ses yeux noirs, sur son visage ovale et famélique, on retrouve toute la déchirure d?une fille meurtrie et blessée qui tâtonne désespérément à la recherche d?une identité arrachée. «Je déteste le ramadan et toutes les autres fêtes que l?on célèbre. Je suis plus angoissée et malheureuse, car en ces moments, je ressens atrocement et plus que les autres jours que je manque de tout, que je n?ai pas de famille et que je suis seule sur cette terre. Je rêve d?avoir des s?urs, une mère câline et un père attentif et un toit douillet. Je rêve d?avoir une vraie vie de famille !», confie-t-elle le regard embué. Aujourd?hui, elle a 22 ans. Sa grande passion est l'écriture, l?unique exutoire de sa profonde douleur et cette souffrance qui trépigne son petit c?ur de femme-enfant. «Écrire me détend. Je n?ai pas de confidente, alors j?écris, je raconte ma vie en silence. Vous savez, plus je grandis, plus je ressens ce fort besoin de mes parents, de ma mère surtout.» Quand il pleut, Nadjette s?isole, prend une feuille blanche et abandonne son âme meurtrie. Elle flirte avec les mots, et s?exhibe sans gêne, sans honte. Elle a écrit plus d?une cinquantaine d?histoires, tout au fond elle ne fait que relater sa «légende», à travers des personnages qu?elle crée et ravive. L?oiseau perdu, La grande aventure, «La souffrance de l?enfance, Le mal profond, ainsi que d?autres aventures et contes. «Je suis triste, j?ai mal, je ne peux plus réfléchir. Je ressens une blessure profonde dans mon c?ur et je n?ai aucune solution pour apaiser cette douleur. Je suis devenue très nerveuse, je crie sans aucun motif, et je me demande sans cesse pourquoi suis-je devenue comme ça ?! Je n?ai pas d?amie, mes seules amies sont la mer et la solitude. Mais la mer m?écoute et ne me répond pas, même cette feuille blanche n?est pas mon amie, car elle, non plus, ne répond pas à mes cris de détresse !?». Ecrire lui permet de vivre et de survivre. Sa douleur et sa détresse ont fait d?elle un écrivain, sans le le vouloir, sans le choisir.