Résumé de la 84e partie n Après quatre jours de recherches, Laurie a été retrouvée morte. Le suicide est la conclusion logique de la police... C'est terrible la façon dont les gens bousillent leurs enfants. Son médecin m'a raconté que sa grand-mère la terrorisait avec des superstitions démentes avant même que la pauvre gosse ne soit en âge de marcher. Elle m'en avait parlé. Elle voulait guérir.» Mike protesta machinalement, prit machinalement des dispositions pour que le corps de Laurie soit incinéré. Le lendemain matin, tandis qu'il faisait ses valises, l'agent immobilier vint le voir : une femme élégante, aux cheveux blancs et au visage mince, dont la vivacité ne cachait pas la compassion de son regard. «Nous avons un acheteur pour la maison, dit-elle. Je peux vous faire expédier toutes les affaires que vous désirez garder.» La pendule. Les tables anciennes. Les tableaux dont Laurie s'était moquée dans leurs superbes cadres. Mike essaya, en vain, de s'imaginer seul dans leur loft de Greenwich Village. «Et le gramophone ? demanda la femme. C'est une rareté.» Mike l'avait remis à sa place dans le débarras. Il l'en sortit, revoyant la terreur de Laurie, l'entendant chanter les premières mesures de Chinatown, se mêlant aux voix nasillardes du vieil enregistrement. «Je ne sais pas si je désire le garder», dit-il. — La femme de l'agence prit un air désapprobateur. «C'est un objet de collection. Je dois vous quitter. Faites-moi savoir ce que vous aurez décidé.» Mike regarda sa voiture disparaître dans le tournant de l'aIlée. Laurie, reviens. Il souleva le couvercle du vieux phonographe comme il l'avait fait cinq jours plus tôt, des siècles auparavant. Il tourna la manivelle, trouva le disque de Chinatown, le posa sur le plateau, mit le levier sur la position ON. Il regarda le disque tourner, de plus en plus vite, puis souleva le bras et plaça l'aiguille sur le premier sillon. «Chinatown, my chinatown...» Un frisson glacé le parcourut. Non ! Non ! Incapable de bouger, incapable de respirer, il fixait le disque qui tournait. «... les cœurs qui n'ont d'autre monde où aIler vont et viennent...» Dominant les voix éraillées des chanteurs depuis longtemps disparus, le soprano exquis de Laurie emplissait la pièce de sa grâce plaintive et déchirante. (à suivre...)