Résumé de la 79e partie n Mike et Laurie ont un point commun : ils étaient élevés chacun par sa grand-mère. celle de Laurie était très névrosée. Mike lui rendit son sourire, contemplant avec amour ses yeux vert d'eau au regard brillant, les épais cils noirs qui dessinaient des ombres sur ses joues de porcelaine, les boucles châtaines encadrant son visage ovale. «Tu es si jolie, dit-il. Bien sûr, je vais tout te raconter sur ma grand-mère. Tu ne l'as jamais connue qu'invalide. je te raconterai nos parties de pêche sous l'orage, nos courses à pied autour du lac, où elle me criait de ne pas ralentir l'allure ; et le fait qu'il m'a fallu attendre qu'elle ait soixante ans pour la dépasser à la nage.» Laurie lui prit le visage dans ses mains. «Aide-moi à lui ressembler.» Ils apportèrent à l'intérieur leurs valises et les provisions qu'ils avaient achetées en route. Mike descendit dans la cave. Il fit une grimace en apercevant la réserve à charbon. Un mètre vingt sur un mètre quatre-vingts environ, délimitée par de grosses planches, elle était placée à côté de la chaudière, directement sous le soupirail qui permettait au livreur d'installer son toboggan pour décharger le camion. Mike se souvint qu'à l'âge de huit ans, il avait aidé sa grand-mère à remplacer quelques planches. Elles paraissaient toutes pourries aujourd'hui. «Les nuits sont fraîches même en été, mais nous aurons toujours bien chaud, mon petit Mike», disait-elle de son ton joyeux tandis qu'il l'aidait à enfourner le charbon dans la vieille chaudière noircie. La réserve contenait alors en permanence un gros tas rond de charbon brillant. Elle était aujourd'hui presque vide. Il y avait à peine de quoi chauffer la maison pendant trois ou quatre jours. Mike saisit la pelle. La chaudière fonctionnait encore. Son ronflement se répandit rapidement dans les murs de la maison. Les conduits cognèrent et craquèrent sous la pression de l'air chaud. Dans la cuisine, Laure avait déballé les provisions et entrepris de préparer une salade. Mike fit griller deux steaks. Ils ouvrirent une bouteille de bordeaux et mangèrent côte à côte sur la vieille table de formica, leurs épaules se frôlant dans un geste plein d'affection. Ils montaient l'escalier pour aller se coucher lorsque Mike aperçut le mot de l'agent immobilier posé sur la table de l'entrée. «J'espère que tout est en ordre. Désolée pour le temps. Le charbon sera livré vendredi.» Ils choisirent de s'installer dans la chambre de sa grand-mère. «Elle adorait ce lit en cuivre, dit Mike, elle prétendait y dormir comme un bébé. — Espérons qu'il en sera de même pour moi», soupira Laurie. ll y avait des draps propres dans l'armoire à l'inge, mais ils étaient humides et froids. Le sommier et le matelas sentaient le moisi. «Réchauffe-moi, murmura Laurie, frissonnante, se pelotonnant sous les couvertures. — Volontiers.» lIs s'endormirent dans les bras l'un de l'autre. A trois heures du matin, Laurie se mit à hurIer, un cri perçant, désespéré, qui emplit la maison. «AIlez-vous-en ! AIlez-vous-en ! Je ne veux pas ! Je ne veux pas !» Elle ne cessa de sangloter jusqu'au lever du jour. «Ils se rapprochent, dit-elle à Mike. Ils se rapprochent de plus en plus.» (à suivre...)