Sitôt sur place, deux plongeurs de la marine de Tamentefoust enfilent leurs combinaisons. Leurs collègues leur préparent la descente. Tout y est : cordes, échelles, outils de sauvetage et torches. Les agents de sécurité se chargent de sécuriser les lieux et de disperser la foule pour éviter tout risque probable pour les deux hommes-grenouilles, pourtant aguerris à ce genre d'opération. Non loin du puits, d'un petit cercueil en bois se dégage une odeur de mort. Quinze minutes après, soit à 14h45 précisément, le cadavre de l'enfant est remonté. La scène est tragique : «Nous avions tous un haut-le-cœur. Tout le monde était assommé à la vue de l'enfant.» Yacine était méconnaissable. Youcef, son père, qui disait à ses proches, il n'y a pas si longtemps, qu'il veut s'imprégner du courage de sidna Yacoub pour pouvoir surmonter cette dure épreuve, n'en pouvait plus. Ses poumons laissent exploser un cri de douleur : «Yaciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiine !» le plus beau des prénoms quand il est hurlé par un père qui n'a pas à rougir de ses larmes versées pour son fils. Youcef a eu tout de même la force de vivre une épreuve des plus insoutenables : l'identification du cadavre. Il s'agit bel et bien de Yacine. Pull-over rose, chemise noire, jogging bleu nuit, Ce sont les vêtements qu'il portait le 2 mai, le jour de sa disparition. Ces douloureuses retrouvailles ont jeté l'émoi parmi les présents. Cette image de Youcef, la force d'un père protecteur incapable de résister à des sentiments aussi nobles de douleur pour un enfant perdu à jamais. Un médecin légiste, quelques minutes après certifie, en connaisseur, que le corps était «en état de décomposition avancée». Un adolescent du quartier, en voulant imiter le travail du spécialiste de la médecine légale, commence à parler d'ossements et d'autres insanités ce qui a contraint un sage vieux à le réprimander énergiquement lui rappelant qu'il ne faut rien divulguer sur un mort car ce dernier mérite tout de même égards et considération.