Drame n La mère célibataire demeure une distorsion institutionnelle et sociale même si le milieu des associations de femmes s'est fait l'écho des drames que cette catégorie de population vit. Les problèmes de la femme célibataire sont complexes et réclament plus d'attention de la part des pouvoirs publics. Toutes les rencontres sur ce thème, même celles organisées par les institutions publiques, avancent des recommandations identiques, mais la société continue d'entretenir des réactions rétrogrades et hostiles à l'égard de cette catégorie déjà frappée par la dépression et l'isolement. Elles sont issues de tous les milieux socioprofessionnels, ont unanimement affirmé les participants jeudi dernier, à la journée d'étude consacrée à la mère célibataire, organisée par le Réseau Wassila. 72% d'entre elles ont plus de 25 ans et un niveau primaire, c'est pourquoi il est difficile de considérer l'événement comme accident de jeunesse, expliquent les observateurs. Quant à leur état civil, les intervenants attestent tous qu'on est loin des clichés péjoratifs des filles mères, puisque certaines ont déjà le statut de femme mariée et mènent une vie de famille. Le drame des conséquences psychologiques et sociales sur le devenir de ces femmes et de ces enfants a été ainsi largement débattu dont l'isolement, la dépression et le risque de suicide chez les femmes après la fuite des pères biologiques et l'exclusion familiale et sociale. Pour les enfants, le risque est l'infanticide, l'abandon et un avenir dans les foyers pour personnes assistées où ils développent des pathologies liées à l'abandon. «La grossesse de la mère célibataire peut entraîner une culpabilité et le déni permet de l'éviter. La culpabilité qui peut paraître, a davantage trait à la transgression des règles qu'au sort de l'enfant et elle est liée à des interdits concernant la sexualité», dit Malika Aït Si Ameur, psychologue au sein du Réseau Wassila. La discrimination de la loi et de la réglementation, les pratiques des intervenants institutionnels ne font que confirmer cette stigmatisation, selon les intervenants. Ces derniers déplorent en ce sens, l'abandon du projet de loi d'aide financière aux mères célibataires avancé par le ministère de la Solidarité, ainsi que le projet de loi de recherche en paternité par l'ADN. Cette fuite en avant nie le réel, mais ne peut l'effacer, peut-on lire dans l'argumentaire du Réseau qui confirme, en se basant sur son travail du terrain, que le phénomène augmente en même temps que la population parce que «les hommes et les femmes sont placés dans de nouveaux cadres de relation et développent des aspirations individuelles qui ne concordent plus avec les conditions sociales connues jusqu'à présent». Autres facteurs cités lors de ce débat, les conditions socio-économiques difficiles et l'éclatement des groupes familiaux qui ont fragilisé davantage les femmes issues des catégories les plus défavorisées. En somme, pour résoudre ce problème de société, pouvoirs publics et société civile ont chacun un rôle à jouer.