Résumé de la 18e partie n Les Lufts partent en soirée laissant derrière eux le jeune Neil et Sharon. Deux personnages qui n'arrivent pas à s'entendre. Bill dit à son épouse avant de sortir : «Dora, c'est toi qui as voulu voir ce film. — Bon. Je suis prête. Amusez-vous bien tous les deux. Neil, montre ton carnet de notes à Sharon. Il travaille très bien ; tu seras bien sage, n'est-ce pas, Neil ? Je lui ai donné un goûter pour tenir jusqu'au dîner, mais il n'y a presque pas touché. Il a un appétit d'oiseau. ?a va, Bill, ça va, j'arrive.» Ils s'en allèrent enfin. Sharon frissonna au courant d'air glacial qui s'engouffra dans l'entrée avant qu'elle ne referme la porte derrière eux. Elle retourna dans la cuisine, ouvrit le réfrigérateur et prit la bouteille de sherry. Elle hésita, sortit un carton de lait. Neil avait bien dit qu'il ne voulait rien, mais elle allait lui préparer un chocolat chaud. Pendant que le lait chauffait, elle but son sherry à petites gorgées et jeta un coup d'œil autour d'elle. Mme Lufts faisait de son mieux, mais elle ne savait pas tenir une maison et la cuisine n'était pas très nette. Il y avait des miettes de pain autour du grille-pain et sur le buffet. Le dessus de la cuisinière avait besoin d'un sérieux nettoyage. En fait, toute la maison avait besoin d'être retapée. Le dos de la propriété donnait sur la mer, sur Long IsIand Sound. «Il faudrait couper ces arbres qui bouchent la vue, pensa Sharon, fermer la véranda par des baies vitrées pour agrandir le salon, abattre une grande partie des cloisons et faire un coin pour le petit déjeuner…» Elle se reprit. Ce n'était pas ses affaires. C'était seulement que la maison et Neil et même Steve avaient un air tellement abandonné. Mais ce n'était pas à elle de les changer. La pensée de ne plus voir Steve, de ne plus attendre ses coups de téléphone, de ne plus sentir ses bras forts et doux autour d'elle, de ne plus voir cet air soudain insouciant envahir son visage quand elle plaisantait, l'emplit d'un sentiment désolé de solitude. C'est sans doute ce que l'on ressent lorsqu'il faut quitter quelqu'un, pensa-t-elle. Que ressentait Mme Thompson, sachant que son unique enfant allait mourir après- demain ? Elle connaissait le numéro de téléphone de Mme Thompson. Elle l'avait interviewée quand elle s'était décidée à s'occuper du cas de Ron. Durant son dernier voyage, elle avait maintes fois essayé de la joindre pour lui annoncer que beaucoup de gens très importants avaient promis d'intervenir auprès du gouverneur. Mais elle ne l'avait jamais trouvée chez elle. Sans doute parce que Mme Thompson était elle-même en train de faire une pétition auprès des habitants de Fairfield County. Pauvre femme. Elle avait tant espéré de la visite de Sharon, mais elle avait eu l'air bouleversée en apprenant que la journaliste ne croyait pas en l'innocence de Ron. Mais quelle mère pourrait croire son fils capable d'un meurtre ? Mme Thompson était peut-être chez elle, aujourd'hui. Peut-être serait-elle heureuse de parler à quelqu'un qui avait tenté de sauver Ron ? (à suivre...)