Evaluation n Il ne se passe pas un jour sans que la structure même des réformes engagées en Algérie soit critiquée par les institutions internationales de tout bord. «L'Algérie tarde à mettre en œuvre ses réformes», «L'Algérie n'a pas réussi ses réformes». C'est à peu près en ces termes que la gestion des réformes est qualifiée depuis peu par des représentants d'institutions internationales comme la Banque mondiale ou le FMI. Naguère infréquentable en raison de la décennie noire, l'Algérie est, pour ces augustes institutions, jugée mauvais élève dans la conduite des réformes engagées pour la diversification de son économie et la modernisation de ses institutions. En un mot : un pays qui, en dépit de l'embellie financière générée par les cours du pétrole, n'arrive toujours pas à décoller, comparativement à la Tunisie et au Maroc, pour ne citer que nos deux voisins, qui collectionnent les belles performances avec pourtant l'atout des hydrocarbures en moins. «L'Algérie tarde à mettre en œuvre ses réformes». Telle a été la phrase prononcée en plénière et en atelier l'année passée par Christian Poortman, vice-président de la Banque mondiale, directeur de la région Mena. Cet économiste de renom, chiffres à l'appui, avait mis à l'index surtout les lenteurs administratives ainsi que l'absence de stratégies à moyen et long terme dans l'optique d'une relance économique dont le taux de croissance ne devrait pas seulement tenir compte de la rente pétrolière, du reste tributaire des aléas des fluctuations du marché et autres facteurs géopolitiques. Plus récemment encore, un rapport établi par l'institut Carnegi, un institut américain de renommée mondiale, n'a pas été du tout tendre avec les réformes tous azimuts engagées en Algérie. Ce rapport intitulé «Les défis des réformes économiques dans le monde arabe» a tout simplement classé l'Algérie parmi les systèmes rentiers. Pis encore, il a considéré que les réformes adoptées par l'Algérie ont échoué, tout en précisant que l'économie nationale souffre d'un manque de productivité. Allant au plus profond de la critique, le rapport Carnegi relève que la relance de l'économie repose plus sur les épaules de l'Etat pour que ce dernier joue un rôle central dans la distribution de la richesse et dans la méthode de gestion. Ce qui malheureusement n'a pas permis, selon les rédacteurs de ce rapport, au secteur privé de contribuer au développement économique. En dépit de la mise en route de politiques pouvant indiquer une libéralisation de l'économie, l'Algérie continue tout de même à s'appuyer sur une seule matière essentielle (le pétrole) dont le produit intérieur brut (PIB) ne dépend pas de la productivité de l'économie mais dépend énormément de l'écart entre le coût de production et les prix pratiqués sur le marché international. La production, elle, concède le même rapport, est concentrée généralement entre les mains d'une infime partie de la population, ce qui équivaut à dire que le pays souffre terriblement d'une mauvaise distribution du revenu et de la richesse en sus d'une hypothétique poussée inflationniste et d'un taux de chômage préoccupant, à l'opposé des bonnes performances avancées il y a trois mois par les pouvoirs publics qui évoquent une baisse sensible du chômage. L'addition de ces deux donnes débouchent inéluctablement sur une détérioration accrue des conditions de vie pour la majorité de la population.