Résumé de la 32e partie n Le ravisseur a atteint sa cachette. Désormais Sharon et Neil sont ses prisonniers. Que va-t-il en faire ? Une demi-seconde, et un néon poussiéreux clignota au-dessus de leurs têtes. Sharon parcourut des yeux la pièce repoussante de saleté. Des éviers pleins de rouille, une cage de planches clouées, un lit de camp affaissé, un cageot retourné, une vieille valise noire par terre. «Où sommes-nous ? Que nous voulez-vous ?» Sa voix n'était qu'un murmure mais elle résonna dans ce cachot. Son ravisseur ne répondit pas. La bousculait, il se rua sur le lit de camp, y déposa le sac de marin et fléchit les bras. Tombant à genoux, Sharon s'acharna sur la corde du sac. Elle parvint enfin à la dénouer, sépara les bords du sac, les rabattit, cherchant le petit corps recroquevillé. Elle libéra la tête de Neil. Saisissant des deux mains le bâillon, elle le tira sous le menton. Neil suffoqua, cherchant l'air, pantelant, hoquetant. Elle entendit le sifflement de sa respiration, perçut les sursauts de sa poitrine. La tête de l'enfant au creux de son bras, elle s'apprêtait à tirer sur le bandeau qui lui couvrait les yeux. «Laissez ça». l'ordre était tranchant, brutal. «Je vous en prie, s'écria-t-elle. Il est malade… Il va avoir une crise d'asthme. Ayez pitié de lui.» Elle leva les yeux et se mordit les lèvres, retenant un cri. Au-dessus du lit de camp, trois immenses photos étaient épinglées sur le mur. Une jeune femme qui courait, les mains tendues en avant ; elle regardait derrière son épaule, la terreur peinte sur son visage… la bouche tordue en un hurlement. Une femme blonde, étendue près d'une voiture, les jambes repliées sous elle. Une très jeune fille aux cheveux noirs, une main posée sur sa gorge, un regard de détachement étonné dans ses yeux fixes. Longtemps, auparavant, Lally avait été institutrice dans le Nebraska. le jour où elle s'était retrouvée à la retraite et seule, elle avait voulu visiter New York. Elle n'était jamais revenue chez elle. Le soir de son arrivée à Grand Central Station fut le tournant de sa vie. Désorientée, apeurée, elle avait traversé l'immense hall de gare, son unique valise à la main ; elle avait levé les yeux et s'était arrêtée. Elle était sans doute l'une des seules personnes à avoir immédiatement remarqué que le ciel de la grande voûte avait été peint à l'envers. Les étoiles situées à l'orient étaient à l'occident. Elle avait éclaté de rire, ses lèvres entrouvertes sur deux énormes dents de devant. Les gens avaient tourné la tête dans sa direction, et avaient rapidement poursuivi leur chemin. Leur réaction l'avait enchantée. Chez elle, si on avait vu Lally lever les yeux au ciel et éclater de rire toute seule, toute la ville en aurait parlé le lendemain. (à suivre...)